Il faut que j'en parle
Je vous avais raconté, il y a quelques semaines, l'IEF et en particulier les apprentissages autonomes dont miss Koala avait profité pendant plus de deux ans, toute cette façon d'apprendre au fil de la vie, du quotidien, des manipulations….
Et puis ma lecture il y a un an du livre de Céline Alvarez, et la façon complètement logique, que j'ava
is apprise puis totalement oubliée, d'écouter les sons pour apprendre à lire..
Il s'est passé quelque chose peu après….quelque chose que je ne vous ai pas dit
D'abord, parce que c'était trop en contradiction
Ensuite, parce que c'est arrivé brutalement
Enfin, parce qu'il fallait qu'on s'occupe de tout organiser
Enfin (encore) parce qu'il fallait que je digère, que j'accepte, que je m'y fasse...et en plein mois d'août, je suis toujours dans ce processus
Mimi koala, on ne l'avait pas inscrite en PS de maternelle à l'école publique car nous avions prévu de l'inscrire au jardin d'enfants de l'école Steiner. Mais de grosses tuiles nous sont tombées dessus pile au moment où l'on prévoyait de l'inscrire et de s'engager, et on a dû...différer;
La situation (financière pour ne pas la nommer) ne s'est pas arrangée et le report s'est prolongé.
Finalement, cela ne nous dérangeait qu'à moitié, car avoir notre petite puce à la maison était un régal de tous les jours.
Se réveiller tous les matins près d'elle (ou plutôt elle près de nous : elle venait nous rejoindre dans le lit après que sa sœur et son frère soient partis à l'école/collège), la voir apprendre toute seule plein de choses.
Faire des activités, des promenades, des jeux, discuter, beaucoup, discuter tout le temps, en fait. Observer : la nature, la cuisine, les appareils électro-ménagers, papa bricoler,
S'occuper des poules, des poissons, des cailles, du compost, du jardin. Etre enthousiaste et volontaire pour TOUT.
Tout un tas de choses encore, tout un univers, une façon d'être qui pendant 3 ans, nous a émerveillés.
Il y a pourtant un moment où le charme s'est rompu pour mimi Koala, car presque à la fin de l'année scolaire, elle nous a demandé avec beaucoup de fermeté
de l'inscrire à l'école maternelle
On a commencé à discuter avec elle, je me souviens que j'étais occupée dans la chambre (et un peu coincée aussi, il faut l'avouer), et papa Clyde dans le salon. Elle a alors commencé à faire la navette entre nous deux pour nous expliquer qu'elle voulait aller à l'école. Elle s'est vite mise à pleurer, car son papa "n'était pas chaud".
Il faut dire que cela nous tombait vraiment dessus, pour nous la vie suivait son cours, et nous pensions l'inscrire à l'école pour le CP, si tout allait bien.
Mais c'est vrai que - sans rentrer dans les détails - nous avons eu une année très difficile, en particulier le printemps, où je n'ai plus été disponible du tout pour ma petite princesse. Elle m'a vue absente, elle m'a vue affaiblie, elle a vu un papa se transformer en homme au foyer superman à 4 mains et aidant/soignant de sa femme malade, elle a dû quitter en précipitation la maison pour aller dormir chez des personnes et copines qu'elle connaissait mais chez qui elle n'avait jamais été seule parce que j'étais hospitalisée en catastrophe….
Elle a dû, du jour au lendemain, arrêter les activités avec les autres enfants et parents et amis car nous n'étions plus en mesure de l'amener
Elle a commencé, avec les beaux jours, à voir les copines dehors à l'aire de jeux, copines qu'elle ne voit jamais autrement car elles vont à l'école et pas elle
Et puis peut-être qu'elle a grandi, tout simplement, et a senti qu'elle était prête à sauter dans le grand bain, à vivre des choses sans maman ou papa à côté, à se séparer pour quelques heures.
Peut-être aussi que le désir d'apprendre, son appétit insatiable et si facilement comblé à la maison a été plus fort que la peur, que l'inconnu.
Peut-être que jouer si souvent à l'école avec son frère sa sœur et son papa avec de vrais cahiers, des exercices, des matières, une maîtresse vraie peau de vache lui a donner envie de voir une maîtresse pour de vrai, d'être dans une classe pour de vrai, de voir ses copines ailleurs qu'aux fêtes du village.
Elle a pleuré et insisté pour aller en classe, pleuré car elle croyait qu'on refuserait.
Puis lorsqu'on lui a dit que bien sûr, on allait l'inscrire pour la rentrée si tel était son désir et si elle se sentait bien prête, elle a pleuré, très chaudement, car elle croyait qu'elle pouvait aller à l'école dès le lendemain matin et ne comprenait pas que c'était impossible et qu'elle allait devoir attendre...presque 3 mois (on était début juin).
On lui a alors expliqué toutes les démarches. Elle s'est mise à se réveiller chaque matin en regardant sa roue de la semaine pour nous dire les jours qui la séparaient du passage en mairie pour faire les papiers, elle y est allée la tête haute, fière comme un paon. Elle était avec son père seulement et m'a tout raconté en rentrant.
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elle y était avant nous.. |
Puis quelques jours après on avait RdV à l'école pour finaliser l'inscription. On a eu un entretien plus qu'officiel dans le bureau de la directrice, qui allait être sa maîtresse, et que mimi Koala connaissait déjà même si "elle ne se souvenait plus trop bien d'elle" (maîtresse de sa grande sœur avant sa naissance, que l'on voyait à chaque évènement dans l'école).
On a eu une chance folle, on était dans l'école juste au moment de la récréation. Cela nous a laissé tout le loisir (la chance ! ) de visiter les lieux, la classe (grand moment), les bureaux.
Maîtresse lui a expliqué un tas de choses et l'ATSEM aussi, tout tendrement : comment les tables seraient disposées (tout allait changer), que tous les dessins au mur allaient disparaitre mais allaient être re-remplis au fur et à mesure de l'année, la présence du TBI (mimi koala n'a pas retenu).
Maîtresse lui a montré la cantine et expliqué la collation du matin et les responsabilités des enfants (comptage des verres, préparer la collation - j'ai trouvé ça extra, niveau autonomie et niveau mathématiques). Elle a découvert, émerveillée, le lavabo collectif
tout rond !
JE lui ai montré le couloir, les porte-manteaux, chaque crochet personnalisé par et pour un enfant, je lui ai dit qu'elle aurait le sien, elle a vu les casiers, elle a imaginé les bonnets, le blouson, le petit sac à dos….Elle avait le sourire où l'on voit toutes ses dents. J'avais le cœur tout chaud, souvenirs de la GS de ma cadette au même endroit, les jolies décorations d'abeilles au mur…
Je lui ai dit que le matin je l'emmènerai, les premiers temps, afin qu'on s'habitue, elle et moi.
Tout le monde l'a saluée et lui a dit que bientôt elle serait là, elle aussi. Elle a regardé les enfants à la récré. Moi aussi. Je songeais.
J'étais heureuse pour elle, je la voyais si contente. A l'intérieur, dans mon cœur, c'était plus chaotique
Depuis ce jour, son enthousiasme ne s'est pas démenti, elle a très TRES envie d'aller à l'école, elle n'a pas compté les jours jusqu'à aujourd'hui, où ce soir elle m'a dit à table qu'il ne restait que 20 jours avant de rentrer en classe.
Car aujourd'hui nous avons acheté les fournitures scolaires et elle et moi, nous avons rempli son petit sac avec les affaires demandées par la maîtresse.
La petite gomme blanche, et surtout l'ardoise effaçable ont conquis son cœur et son rêve est d'écrire dessus et encore écrire…
Elle a rempli consciencieusement son sac à dos avec les crayons à papier, les feutres, la gomme, mais s'est trouvée un peu dépitée devant la taille des deux boîtes de mouchoirs. Hi hi (ne parlons pas des trois rouleaux d'essuie-tout).
Alors voilà, ma petite puce, ma poupée, ma mimi Koala va entrer à l'école maternelle à la rentrée, en Grande Section, après 2 ans d'"instruction en famille", d"école à la maison", de liberté, d'autonomie, de spontanéité, d'irrégularité totale et assumée…
Je vous avoue clairement ne pas être aussi joyeuse et certainement pas aussi impatiente qu'elle.
Parce que ce n'était pas prévu dans le plan, et que j'ai bien du mal à accepter ce changement de plan.
Je suis sincèrement contente d'avoir accédé à sa demande car je pense que c'est le plus important, et que la garder à la maison contre son gré aurait été délétère et que mon rôle est de l'accompagner dans ses découvertes.
Je ne pense pas du tout que l'école soit un passage obligatoire et j'aurais aimé que l'on puisse continuer tel que l'on faisait, apprendre sans en avoir l'air, apprendre par la vie, apprendre sans cahiers, sans feuilles, apprendre en touchant, en regardant, en manipulant. Les périodes sensibles des enfants sont un concept qui me fascine et m'attire.
Mais c'est une bonne chose qu'elle rentre en GS car je ne pourrais de toute façon plus m'occuper d'elle comme je l'avais fait durant 2 ans. Ma santé ne me donne plus la même disponibilité, je manque d'énergie (quand ce n'est pas que je suis carrément HS), papa Clyde ne sera pas toujours là non plus pour me remplacer et pour l'occuper.
Beaucoup de choses vont (hélas) changer en septembre et elle sera bien, en GS.
En plus, elle va avoir une maîtresse et une ATSEM en qui j'ai une totale confiance, que j'apprécie beaucoup et connais depuis des années, deux professionnelles à l'écoute des enfants et sachant déceler ce qui leur convient et dont ils ont besoin. Je suis vraiment confiante et rassurée quant à l'équipe pédagogique...Là, je suis enthousiaste, vraiment très très contente, comblée !
Mais voilà, on ne refait pas son cœur de maman, on ne change pas comme ça de paradigme, je pensais que l'été me suffirait pour accepter les choses et ce n'est pas le cas...pas complètement en tout cas. L'été a eu son lot de moments difficiles inattendus et n'a pas été aussi calme et paisible que je le pensais.
Ce n'est pas une histoire de séparation. Enfin, si, mais pas au sens où tout le monde se l'imagine.
J'ai du mal à imaginer que ma petite fille va être absente car j'ADORE être avec elle. J'adore sa compagnie, elle ne m'ennuie pas, elle m'amuse, elle m'émerveille, me fait sourire, me rend fière, avec elle personne ne peut s'ennuyer, et oui, je l'avoue, elle va me manquer !
Elle va me manquer… On a (presque) toujours été ensemble et cela va être dur d'être sans elle. On se fait tout le temps des câlins et sincèrement je ne suis pas certaine, vu son côté tactile très prononcé, qu'elle parvienne si facilement à rester des heures sans pouvoir me toucher et m'enlacer.
Elle va me manquer car j'aime sa présence, comme celle de mes deux autres enfants. Je suis une maman poule et j'assume ce plaisir de rester avec eux. Il y a (beaucoup) de(s) parents qui cherchent toutes les occasions de caser leurs enfants ailleurs, nous c'est le contraire.
C'est plutôt une histoire de… de concept. On était en instruction libre, c'était la maternelle et on faisait comme on voulait. Quand on est dedans, l'IEF ouvre des tas de portes, d'univers, nous fait rencontrer des gens, d'autres parents, des lieux, d'autres enfants non scolarisés….On avait adopté un autre mode de vie, tout simplement. on avait développé une certaine marginalité. Et c'était sur les rails. Et l'on doit quitter tout ça.
Bien sûr j'ai fait la liste des pour et des contres, des avantages et des inconvénients et il va y avoir plus d'un avantage à ce que notre fille soit scolarisée -et donc absente la journée- tous les jours de la semaine (sauf le mercredi, hi hi, changement de rythme scolaire, youpi !). Je n'en ferai pas la liste ici, vous en imaginez certains, d'autres sont sans doute plus personnels ou en pleine réflexion, ou encore dans le flou..nos prochains mois sont assez inconnus et vagues pour le papa comme pour moi.
C'est arrivé brutalement mais j'espère que tout se passera bien. Tant qu'elle sera contente d'y aller, tant qu'elle aura le sourire, alors oui, tout ira bien et nous serons contents nous aussi.
Un chapitre de sa vie (et de la nôtre) s'achève, un autre va débuter...c'est la vie !