Elle s'intitulait
"Apprivoiser les écrans et grandir"
et était animée par le célèbre psychiatre et spécialiste Serge Tisseron
(pour info, il passe souvent à la télé, notamment dans les Maternelles)
(pour info, il passe souvent à la télé, notamment dans les Maternelles)
On a donc (enfin, surtout lui) parlé télé, écrans, smartphone, tablette...21ème siècle et enfants
C'était , je vous l'ai dit, passionnant.
Comme j'ai trouvé tout ce qu'il a dit très intéressant et en même temps affreusement inquiétant, je ne peux que partager sur mon blog les grandes idées, les notions à retenir :
L'impact des écrans sur le développement des enfants, et pourquoi il est capital d'éviter les écrans entre 0 et 3 ans.
Ce qui est problématique, c'est le temps que l'enfant passe devant
Pour qu'un enfant gère bien les écrans à l'âge scolaire et adolescent, il est important qu'il n'y touche pas avant 3 ans.1h/jour avant 3 ans, ce sont déjà des troubles de l'apprentissage en perspective.Que changent les écrans dans nos vies ?
La relation au savoir – le mode coopératif. Exemple : Wikipédia. Quand on consulte Internet, on change internet. CE n'est pas seulement un espace de consultation, mais aussi un espace de construction collaborative. Les modes d'apprentissage Les enfants font aujourd'hui beaucoup moins d'exercices de mémorisation. Mions de mémoire événementielle, + de mémoire de travail. les identités En tant que parents, il ne faut pas croire qu'internet est le portrait de la réalité. D'ailleurs, les youtubeurs sont les nouveaux héros des enfants, avant les sportifs. La sociabilité Ce n'est pas la proximité physique désormais qui engendre la communication, mais les centres d'intérêt partagés. Ce n'est pas gênant en tant que tel, mais il faut une alternance. Une étude de Média in life a montré que les 13-35 ans ont certes toujours leur smartphone en main, MAIS ce sont aussi ceux qui vont le plus au cinéma, ont le + d'amis, et font le + de sport. En résumé, une activité numérique même intensive n'empêche pas les autres activités (voilà une chose qui rassure mais que l'on n'a pas trop envie que nos enfants sachent ! :-P ).Les 0/3 ansLe problème principal est le temps que les enfants y passent2h/ jour c'est déjà énorme, c'est du temps perdu, qui en outre engendre des dommages.Les travaux sur la psychologie et le développement de l'enfant ont mis en évidence les besoins du bébé :
les repères spatialisés : besoin de bouger, besoin de motricité les repères multi-sensoriels : l'objet doit susciter ses sens : une balle de préhension à toucher, un hochet coloris et qui fait du bruit, un anneau à mâcher.. les repères temporels : Dans la vie, on apprend qu'on ne revient pas à 0. C'est l'irréversibilité du temps. Tandis que dans un jeu vidéo, même de tablette pour enfant, il suffit de cliquer sur un bouton pour tout effacer et revenir à 0, annuler. L'acquisition du langage : la télé retarde l'acquisition du langage les capacités d'attention et de concentration : la télé nuit aux capacités d'attention et de concentration du bébé, même si le bébé ne le regarde pas (télé). Un bébé qui voit un objet par terre, par exemple, va le regarder attentivement, le saisir (ou essayer), le retourner, le mettre à la bouche, le secouer, le taper par terre, le mordiller, ...il peut faire tout cela (ou même simplement regarder l'objet attentivement) durant plusieurs minutes. Il décode, enregistre, « analyse ». Si une télé est allumée dans la pièce, le bébé va forcément être déconcentré.. Son regard va être attiré, le son va lui faire lever la tête, il ne sera plus tout à son activité..il sera déconcentré. Un bébé a absolument besoin de se concentrer pour apprendre à se concentrer. On appelle cela la «deep attention ». D'ailleurs, pas plus tard qu'hier soir, Grande Fille regardait une émission sur la cuisine, et Miss Koala et moi lisions un livre (je faisais la lecture). Miss Koala a interpellé sa grande sœur en lui disant « eh Nana, éteins la télé stp, ça me déconcentre ». En effet, le son avait beau ne pas être fort, c'était déjà trop pour que l'on puisse lire avec une pleine attention. se situer comme acteur du monde : un bébé qui prend un jouet ou lance un caillou change son monde, son environnement. Les écrans ne permettent rien. Le jeu de la tablette, aussi joyeux, animé soit-il, ne change absolument rien autour de bébé. La capacité d'empathie : un enfant de 0 à 3 ans qui regarde les écrans a de plus en plus de difficultés à situer le visage de l'autre comme « repère de communication partagée »Les études ont également montré que les bébés qui ont regardé des écrans ont tendance à se replier sur eux-mêmes à 3 ans.Énormément d'études sur les 0/3 ans et les écrans confortent les besoins du bébé mis en lumière par les psychologues du développement.« La télé, c'est pas pour les bébés »Si vraiment on veut laisser son enfant jouer à la tablette ou au téléphone, alors il faut aligner ce temps d'écran sur le temps de jeu traditionnel.L'INPES devrait faire des campagnes de prévention sur ce sujet. A ce jour, il n'y a pas de sensibilisation envers les parents, rien dans le carnet de santé, les médecins ne parlent pas du temps d'écran aux jeunes parents lors des consultations....Le comble est qu'il faudrait aujourd'hui des ateliers pour apprendre aux parents à jouer avec leur bébé (de façon traditionnelle) : le comble...Jouer par terre, jouer avec des cubes , jouer à empiler.. Votre bébé a besoin de manipuler ET il a besoin de sentir que son parent a envie de jouer avec lui.Les 3/6 ansA cet âge, il faut privilégier les activités avec les mains. Les écoles doivent absolument mettre l'accent dessus . Les 10 doigts. Cuisine, jardinage, bricolage, manipulations, préhension,Concernant les écrans, le temps idéal maxi est de 45 min/1h, et toujours privilégier les écrans partagés. Que l'enfant ne soit pas seul devant son écran, isolé.Pour les parents il y a 2 stratégies :
nommer les temps d'écran. Il faut faire intérioriser la dimension de l'attente : « tout à l'heure, à 11h, tu pourras regarder la télé – tel dessin animé – 20 minutes, à 11h20 on éteindra ».Nommer l'attente (dans 2 heures), et la durée d'écran (le temps de tel dessin animé par exemple). La notion-clé est celle de la « portion d'écran » : de la même façon que lorsque vous autorisez votre enfant à manger de la mousse au chocolat, vous ne lui donnez pas tout le saladier en le laissant seul, avec la télé (ou tout écran) vous allez aussi lui attribuer une « portion d'écran ». Les écrans ont une heure déterminée et une durée.
Faire parler l'enfant de ce qu'il a vu. Il va vous dire qu'il a regardé son personnage favori, que ce petit être adorable est allé au parc jouer au toboggan, que son papa n'était pas là mais qu'après il lui a sauté dans les bras..Etc, etc. En vous racontant, il élabore ses capacités narratives, sollicite sa mémoire, développe son langage...et vous savez encore mieux ce qu'il a regardé. Sans oublier les règles collectives et familiales : on ne prend pas son portable lors des repas, on se donne des moments sans écran, sans consulter son portable, quand on joue avec son enfant on ne le sort pas..etc Dès qu'on veut réduire le temps d'écran à la maison, on rencontre une opposition massive, forcément. Il faut tenir bon, car les enfants ont une plasticité psychique + importante que les adultes. ( ils s'y feront ). Les enfants sortent très souvent de leur zone de confort, bien plus que nous, et ils se feront aux nouvelles règles. Annoncer la date de prise d'effet (attention, ne pas la rendre immédiate), justifier, et l'appliquer à soi-même. Les enfants suivront.L'école devrait apprendre aux élèves à gérer le numérique.Et puis il ne faut pas oublier que l'on a toujours des personnes ressources dans notre environnement (personne passionnée de jeux vidéo, informaticien, etc..)
Vous retrouverez tout cela sur le site 3.6.9.12.com qui regorge de ressources et d'infos
Concernant l'empathie, deux liens :
- le jeu des 3 figures, conçu en 2006 par Serge Tisseron et largement développé aujourd'hui
- une vidéo que j'ai vue ce we
Encore merci à la MAIF pour cette formidable initiative. Il avait été organisé, il y a un an ou deux, une très intéressante et enrichissante conférence sur les "Dys" (dysorthographie, dyspraxique, dyslexique etc..), je regrette de ne pas en avoir eu connaissance à l'époque, j'y serais allée avec grand intérêt !