et alors je peux enlever mon bras...

23h20 , je n'ai pas sommeil.

Envie de savourer ces minutes volées. De profiter qu'il ne se passe plus rien, profiter du silence, du calme, du répit...

Tout le monde a sombré, BB s'est endormie à 22h, c'est son heure. Ce soir encore, je me suis allongée à coté d'elle, elle a têté, tout collée contre moi, elle sent mon odeur, je sens la sienne , je la rassure je la berce. Elle ne parvenait pas à s'endormir, parce qu'elle était allongée. Il a fallu la redresser, la laisser roter, vomir un peu, ...se dandiner sur la belle chanson "le testament" d'Oldelaf, mise en sourdine pour essayer de la bercer.
Et puis d'un coup, elle a enfin lâché prise, s'est laissé sombrer, sa tête sur mon bras.

Le moment que je préfère, une victoire dans ce parcours si chaotique du sommeil de BB Koala, c'est lorsque j'arrive à retirer mon bras. M'écarter un peu d'elle. Sa tête se repose sur le matelas... et elle ne se réveille pas.
Et alors alors tout devient possible pour moi, je me lève, je pars vivre ma vie. Victoire.

J n'ai pas sommeil, car je suis souvent obligée d'aller me coucher sans l'avoir choisi. Je n'ai pas sommeil, car demain exceptionnellement c'est  Clyde qui va réveiller les petits. Les grands, devrais je dire. Alors je me sens toute grisée par cette liberté retrouvée, pouvoir veiller sans conséquence, sans entendre le réveil demain, vvvouuiiii !

Alain Bashung, "la nuit je mens". J'aime écouter le silence, guetter les bruits. Etre la seule réveillée. Laisser aller mes pensées, mes doigts sur le clavier.
Souvent le samedi, et parfois le dimanche, je me lêve tot. Clyde ne comprend pas trop. Pourquoi ne pas profiter que tout le monde dort tard pour en faire autant ? MOi qui suis si fatiguée..... ?
Parce que justement, tout le monde dort. Et que j'ai pu enlever mon bras sans qu'elle se réveille..

Alors je peux me lever et vivre ma vie. Ouvrir la porte sur le jardin, regarder le soleil se lever, m'asseoir boire un café sur les marches de l'escalier.
Marcher dans l'herbe mouillée et fraîche, aller voir ce qui a bougé dans mon jardin. Ecouter que même dans la rue, tout est calme encore. Sentir la journée qui va arriver mais n'en être qu'aux prémices.
Boire mon café en solitaire, m'organiser. Chasser les fréquents cauchemars de mes pensées, et des traces laissées dans le corps, quand on se réveille oppressée.
Sentir le vent , regarder les couleurs du jardin, la rosée, regarder les pierres des granges alentour, la lumière si particulière,
Me réveiller tranquillement, avoir MON moment. J'aime la contemplation.
Puis je fais "ce qu'il y a à faire", intendance logistique dont je n'ai pas envie de parler, cela gâcherait tout.

Ce soir je ne sortirai pas car la nuit m'impressionne. Mais Bashung a fini de chanter, j'écoute le silence . Avoir le sentiment que je peux un peu rattraper le temps perdu,
c'est une sorte de pied de nez à ces journées où vous ne faites que suivre le rythme imposé.

Je n'ai pas sommeil, pourtant je suis fatiguée, mais je n'ai pas sommeil. Ça tombe bien, je n'en ai pas envie.