Je me demande souvent ce que signifie "réussir", j'y pense quand j'amène ma fille à l'école, quand je prends le temps de me promener, de parler avec d'autres mamans, de regarder la nature, mon BB...
"la réussite"... voilà un mot bien subjectif.
Dans son sens commun, elle est associée à l'atteinte d'un certain niveau social, financier, culturel. "Il a réussi, il est ingénieur" . "Elle a fait de brillantes études, est devenue avocate/chef de service/....".
Réussite va de pair avec niveau d'études, niveau d'emploi. Catégorie socio-professionnelle (CSP comme ils disent). et Salaire.... ah le salaire, ces zéro que personne ne veut dévoiler mais que l'on suppose !
Pourtant, la réussite.....on peut se demander.
Un homme qui est chef de service, qui encadre une grosse équipe, mais croule sous la pression. Fait des horaires impossibles. Se sent coincé dans son travail, un homme qui passe + de temps au travail que chez lui , en famille, avec ses enfants, sa famille, qui a à peine (ou pas) le temps de faire ce qu'il aime ...Cet homme là, peut-on dire qu'il a réussi ?
Car la réussite ne serait -elle pas avant tout à associer avec la notion de bonheur, de satisfaction, d'épanouissement .??
"j'ai réussi oui, mais je fais des horaires épouvantables, je n'ai pas de vie, je suis pressée comme un citron, je ne vois pas grandir mes enfants, je passe à côté de tout."
"j'ai réussi, mais j'ai fait un infarctus à 45 ans pour surmenage et stress intense"
Alors bien sûr, bien sûr, il existe des milliers (des millions j'ose espérer) de personnes qui ont un haut niveau de qualification , un bon salaire, des responsabilités et qui sont épanouis, heureux de leur job. Heureusement ! Mais les autres...
Ne peut-on pas envier l'ouvrier qui certes gagne à peine + que le smic, occupe parfois un travail posté mais conserve du temps pour sa famille, pour ses loisirs, pour bricoler ? Celui qui n'est le chef de personne, mais qui réussit en rentrant à fermer la porte sur son travail le lendemain, sans y penser le soir, sans consulter des méls professionnels et rester joignable tout le temps ?
Le petit "travailleur" cher à Arlette, la simple femme de ménage , la modeste secrétaire , ces personnes qui sont heureuses de leur travail, qui en sont fières, n'ont-elles pas mieux réussi que celui qui se tue à la tâche et passe à côté de l'essentiel sans même s'en rendre compte ?
La maman qui auparavant travaillait "à l'extérieur" (ou pas) et qui décide de devenir ass mat parce qu'elle aime les enfants, mais aussi parce que ce métier lui permettra d'être là tous les matins et tous les soirs pour accompagner ses enfants à l'école, faire les devoirs, ne pas les laisser à la cantine, leur offrir un rythme "normal" ...n'est-elle pas + épanouie que si elle avait à contrecoeur décidé de travailler à l'extérieur ?
Alors bien sûr, bien sûr, là aussi, il y a des milliers d'insatisfaits . Des ouvriers qui sont en travail posté et qui se tuent à la tâche. Des travailleurs à la chaîne qui se sentent abrutis par les machines, les odeurs, le bruit.
Des caissières qui ne profitent pas + de leurs enfants que l'employée de bureau car elles sont en temps partiel imposé.
Des ass mat qui n'en peuvent plus de ce travail car elles ont la tête comme une pastèque, marre des critiques ("les ass mat ne regardent que les feux de l'amour en buvant un café !"), marre d'être si peu payées pour la responsabilité qu'elles assument, etc etc.
MAIS, MAIS. Plus on monte dans la pyramide, moins l'on est, à mon sens, disponible.
Je suis diplômée d'études supérieures. Bac + 4 , Maitrise en droit, avec mention. + 1 an encore à Sciences Po. Plutôt à l'aise dans les études, j'aurais pu continuer. Mais j'avais besoin de travailler, gagner ma vie, j'avais pas une vie facile à l'époque. Pour mon emploi, je n'ai pas visé haut, j'ai visé moyen pour garder une qualité de vie. Pouvoir prendre un 80 %. (bon ceci dit, même en encadrement intermédiaire, cela ne m'a pas empêchée d’être mise de coté. Le fameux "pas fiable" qui vous vaut d'être placardisée). Faire des horaires décents. Ne pas devoir aller à toutes les réunions. Bref, j'ai choisi de ne pas sacrifier ma future vie.
A 36 ans, j'en ai eu marre, je ne tenais plus dans ce rôle là, j'ai décidé de suivre ma voie et concrétiser une passion, les enfants. J'ai passé mon CAP petite enfance en candidat libre, je l'ai eu haut la main ("évidemment " diront certains)
Peu de gens ont compris. Pourquoi et comment je décidais, et comment je peux envisager de me reconvertir dans la petite enfance, MOI , avec les études que j'ai faites ?
J'ai entendu "quel gâchis". ...je connais même une personne proche qui s'est fâchée avec moi. Trop vexée, trop incrédule.
Pourtant je n'ai jamais été aussi heureuse et entreprenante que lors de mon année en école maternelle, en crèche, au contact de ces merveilleux petits êtres. Pourtant si je me convertis un jour totalement, si je franchis ce cap, je gagnerai la moitié de mon salaire actuel. Pourtant, j'ai entendu tout le long de mon année de CAP les gens me dirent, bienveillants , "Surtout, ne t'arrête pas là : tu peux faire tellement mieux, viser tellement + haut".
La réussite, ce n'est pas une CSP, ce n'est pas un salaire. C'est être épanoui(e). Après, on franchit le cap ou pas, mais réussir pour moi, c'est être heureux de ce que l'on fait, être heureux d'y aller chaque matin.
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