Quand on n'a pas d'enfants, on nous dit un tas de choses sur comment ça sera "après", quand on en aura.
D'abord, on nous dit souvent que l'accouchement, ça fait maaaal, que tu crois mourir mais que finalement après tu oublies et que c'est résolument et définitivement le plus beau jour de ta vie.
Ensuite, on nous met en garde, finies les nuits paisibles, voire les nuits blanches choisies, finies les grasses mat' dans les bras de son amoureux (ou les grasses mat de ton amoureux pendant que toi tu vas au marché ), quand tu as des enfants tu n'as que des nuits pourrites , et t'en prends pour des années ! (voire perpet' si tu es aveuglée par l'amour que tu portes à tes pouet-pouet et que tu décides, maso, d'en faire un autre, des autres !)
Enfin on nous prévient souvent que les enfants petits, ils ont beau hurler, ne pas dormir, te refaire la déco (en cassant tout), cela reste des petits soucis, et que quand tes enfants deviennent grands, ce sont de "grands soucis".
Ce qu'on nous dit moins, ce que beaucoup de mamans taisent, pour ne pas blesser ou pour ne pas faire passer l'envie d'enfanter, ou parce qu'elles ont compris que c'est le pendant inévitable à la maternité, c'est que lorsque tu deviens mère....tu épouses la culpabilité.
Culpabilité. A la minute où ton BB sort de ton ventre et où tu vas le prendre dans tes bras, l'admirer et pleurer avec ton compagnon, la culpabilité arrive et s'installe à coté de toi. Sur toi. En toi.
(A la réflexion la culpabilité arrive bien avant, dès que tu es enceinte : tu culpabilises parce que tu bouges trop ou bien parce que tu ne bouges plus, parce que tu lui chantes des chansons ou que tu ne lui parles pas, ....)
Tu culpabilises de ce que tu fais, de ce que tu ne fais pas, de ce que tu voudrais faire, ce que tu pourrais faire, ce que tu aurais dû faire.
Tu vas t'en vouloir si tu laisses ton BB dans son berceau , t'en vouloir si tu le prends beaucoup dans tes bras.
Tu culpabilises de ne pas assez jouer avec lui, tu culpabilises de trop jouer avec lui. De reprendre le travail alors que tu aurais pu essayer de t'arranger pour rajouter tes congés, prendre un temps partiel, rester en congé parental, il est si petiiiit ce bébé. Tu culpabilises de rester à la maison et de devoir compter chaque dépense car vous n'avez plus qu'un salaire. Tu t'en veux partout, tout le temps, pour tout. Quand tu te lèves, quand tu t'en vas, quand BB est là, quand il ne l'est pas, quand tu te couches.
Tu t'en veux si tu le fais garder une heure pour aller à l'institut de beauté, "je devrais toujours le faire passer avant moi" te dit cette petite voix vicieuse dans un coin...de ton coeur de maman.
Quand tu deviens mère, tu épouses la culpabilité. Elle va guider tes actions, tes choix, les commenter, les critiquer.
Si ton BB joue avec les boites en plastique dans le placard, tu te dis qu'il lui faudrait de vrais jouets. S'il a de vrais jouets, tu te dis que de petits objets du quotidien suffiraient amplement et l'amuseraient peut-être encore +.
Tu culpabilises d'encore allaiter, tu culpabilises de l'avoir sevré. Tu culpabilises de le rendre autonome, tu culpabilises de le couver.
Tu t'en veux s'il mange beaucoup, tu t'en veux s'il ne mange pas assez.
Tu culpabilises de travailler et de ne le voir pas assez, tu culpabilises si tu es à la maison pour l'élever et que parfois tu es tellement fatiguée que tu t'énerves et as de mauvaises pensées.
Plus grand, tu culpabilises car tu le laisses à la garderie le soir pour qu'il puisse jouer avec ses copains. Mais tu culpabilises aussi quand tu le récupères en te disant "que vais je lui proposer pour s'occuper jusqu'à l'heure du diner". Tu le laisses trop jouer à ses jeux vidéos, tu l'empêches trop souvent d'y jouer.
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Culpabilité, condition sine qua none de la maternité. Culpabilité quand tu deviens Mère, et à qui tu dois prouver que tu n'es pas une mauvaise mère.
Et comme si ça ne suffisait pas, cette chape de plomb, cette ombre qui s'est accrochée à toi dès le premier jour, il y a aussi tous les autres, les AUTRES, les gens, la famille, la maman, la Belle-maman, le mari, les copines, les voisines, la vieille tante, la crèche, le docteur, tous ces gens là qui vont aussi te faire culpabiliser, te dire il faut comme si, il faut comme ça. Mais ça, j'en parlerai une autre fois.
c'est tellement vrai tout çà, merci de m'être les mots sur ce que beaucoup ( moi en tout cas ) ressente quotidiennement.
RépondreSupprimerSur les "autres" risque d'être intéressant :)
Tu as tellement bien formulé cette réalité! Que ça fait du bien (ça déculpabilise même) de savoir que ça ne vient pas de soi, mais qu'on est toutes les mêmes...
RépondreSupprimeroh oui tout a fait dac...ca fait du bien de savoir qu'on est normal tout compte fait!!!lol je pense que les vrais mamans culpabilisent toujours et tout le temps....
RépondreSupprimerc'est une vrai preuve d'amour la culpabilité...
Je dirais plutôt qu'on est bien content qu'on croit que c'est une preuve d'amour cette culpabilité ! Parce que si on finissait par se rendre compte qu'on peut aimer sans culpabilité, qu'on n'a pas besoin de culpabiliser PARCE QUE on fait ce qu'on peut avec les moyens qu'on nous donne, on finirai par revendiquer un congé maternité plus long, un congé parental mieux payé POUR AVOIR UN VRAI CHOIX entre travailler ou élever ses enfants, la possibilité d'avoir quelques heures de garde remboursées même si on est en congé parental à 100% (c'est peut être le cas je n'ai pas vérifié) ou plus simplement choisir un congé parental inférieur à 50% (l'hôpital m'a garanti que c'était impossible ??)... Bref, c'est bel et bien notre compagne, mais ça arrange beaucoup de monde.................... ;)
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