mercredi 7 janvier 2015

1 à 2 ans : bébé touche à tout

1 à 2 ans , c'est l'âge où bébé touche à tout 

Par Edwige Antier, pédiatre et auteur de "Elever mon enfant aujourd'hui"

Dans son livre "l'autorité sans fessées", Edwige Antier propose aux parents des explications simples et des solutions concrètes pour élever leur enfant sans avoir recours aux fessées ou autres violences éducatives.
sans fessée VEO bienveillance éducation

1 à 2 ans : bébé touche à tout


Vous entrez dans une année difficile mais fondatrice. Capable de se déplacer à quatre pattes ou debout, bb a une emprise plus grande sur le monde. Son champ d'exploration s'élargit. Mais en même temps, les dangers et les interdits se multiplient. Le tout jeune enfant supporte mal que son élan soit stoppé, lui qui fait tant d'efforts pour atteindre ses objectifs. Il se débat, rugit, et les parents les plus patients commencent à entendre les sirènes des "fesseurs" ....
Pourtant, les civilisations primitives n'utilisaient pas les châtiments corporels. Mead et Claude Lévi-Strauss disent ne pas avoir observé de châtiments corporels respectivement chez les Arapesh de Nouvelle-Guinée et les Nambikwaras d'Amazonie. De même qu'aucune espèce de primate proche de l'homme ne frappe ses petits. Les chercheurs du zoo de Planckendael à Anvers le confirment : quand son petit risque de se mettre dans une situation dangereuse, la mère singe l'éloigne du danger mais ne le frappe jamais. Le geste de frapper n'est pas inné. Il appartient à notre culture humaine et non à notre nature animale. 



Comment dire "non" sans une petite tape ?


Pourquoi accompagner votre "non" d'une petite tape ? parce que vous avez l'espoir que la douleur sur la main imprime un réflexe conditionné qui fera que l'enfant ne recommencera pas le geste de peur d'avoir mal ? Mais un enfant ne fonctionne pas ainsi. Il a un travail à accomplir : celui d'explorer le monde qui l'entoure, de voir comment fonctionnent ses dispositifs et à quoi ils peuvent bien servir. L'enfant a un impératif de découvertes. Si vous le laissez devant un objet intéressant à explorer tout en lui interdisant de le manipuler, il préférera recevoir une tape sur sa main plutôt que renoncer. C'est pourquoi le taper -lui faire mal- ne l'empêchera absolument pas de reproduire l'expérience. Il vous bravera du regard, et il recommencera. Vous aurez au contraire entamé votre autorité. Vous lui aurez appris à la braver.


"Tu ne touches pas!" 
Une tape pour rien 

Ce que vous faites :

Audrey est sur les genoux de sa maman. Comme toute enfant de 10 mois, elle tend la main vers le téléphone posé sur le bureau. "Non" dit sa mère gentiment. Maiss l'enfant persiste et attrape le combiné. "Ah non !" s'exclame la maman en tapant la main. Le petit bras se retir puis Audrey retend la main en regardant sa mère qui fronce les yeux. Le "non" devient menaçant...le visage du bébé se plisse, les commissures de la bouche descendent, llle pleure et se pelotonne contre le corps de la mère, interrompue dans sa conversation "Ah, non...Tu m'embêtes à la fin : Et puis, j'ai chaud!" Elle pose l'enfant sur le tapis. "laisse-moi" puis se tournant vers moi : "j'en ai assez ! elle n'obéit pas".
 -Pourquoi n'avez vous pas poussé le téléphone plus loin pour lui donner autre chose ?
-Si je commence à céder à même pas un an, j'imagine le tyran qu'elle va devenir.. Tout le monde me reproche de tout lui passer...

Le vécu de l'enfant  :

La tape, puis l'absence de réponses aux sollicitations du nourrisson sont venues de la mère, figure normalement compréhensive et protectrice de l'enfant. Lorsque c'est la mère qui se fâche et fait peur, les hormones du stress organisent alors les circuits de façon à protéger l'enfant de l'espoir déçu. Elles effacent comme une gomme les branchements heureux qui créent la confiance en l’autre. Mais ce n'est pas la tape plus ou moins légère ni la douleur provoquée qui ont les effets les plus néfastes pour l'enfant. C'est bien l'indifférence de sa maman à ses besoins : ce jour-là, découvrir un objet au lieu de subir la conversation dénuée de sens des adultes.

Ce qu'il faut faire :

 Comprendre et admirer le travail de l'enfant. 
Je fais remarquer à la maman combien il est normal qu'un bébé veuille ce téléphone puisqu'il est sous son nez pendant que notre conversation se déroule. Je dispose quelques petites grenouilles sauteuses et autres coccinelles après avoir éloigné le combiné. Je demande à la mère de reprendre sa fille liquéfiée de chagrin sur ses genoux. La lumière se rallume dans les yeux de bébé qui retrouve son tonus et cherche à attraper les petits objets.
- Alors, voilà ! Il faut lui passer tous ses caprices !" proteste la maman..
-Il faut lui donner du travail pendant que nous réfléchissons de notre côté. Ne pouvons-nous pas converser plus facilement quand nous choisissons les objets sur la table en fonction, aussi, des besoins de l'enfant?

-Mais alors, quand apprendra-t-elle la frustration ?

- Petit à petit, et pas avant 3 ans. Dix mois n'est pas un âge pour provoquer ni apprendre par la souffrance.
L'enfant garde en mémoire une suite : un objet m'intéresse - l'expression du visage de maman devient menaçante - la grande main tombe sur ma petite - j'ai mal, je pleure - ma mère crie et me descend seule en bas - je dis mon mal-être, elle crie encore. Qui suis-je ? Personne. Il faut que je m'y prépare, la vie c'est ça. "

Extrait de l"Autorité sans fessées," Edwige Antier, Éditions Robert Laffont, collection "Réponses", pages 53 à 56.

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