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dimanche 14 septembre 2014

Allaiter..amamentar


Au commencement il y avait une envie : un enfant. Avoir un BB, être maman.

Au delà , il y avait ce désir chevillé au corps, cette certitude inébranlable : j'allais l'allaiter.
Dans ma famille, c'était la norme. Quelle chance j'ai eu, en y repensant. J'ai été allaitée, longtemps.  Je me souviens de ma mère allaitant mes petites soeurs. Me souvenir de ses seins, de la peau douce, voir des photos de maman/BB où l'on sentait respirer..la sérénité.

Avoir entendu des récits. Cet oncle que ma grand-mère avait allaité jusqu'à 18 mois pendant la guerre, parce qu'à l'époque, il était impossible de faire autrement. Un oncle bien portant, plein de boucles blondes et les joues pleines. C'était la guerre et ils manquaient de tout, mais lui ne manquait de rien.
Ma cousine plus âgée que moi qui avait allaité sans difficulté ses BB une fois nés.  ("une grosse poitrine faite pour ça")

L'allaitement, un modèle, une évidence pour moi. Alors je me suis quand même renseignée. Je n'étais pas inquiète, mais je voulais mettre toutes les chances de mon coté . J'ai compilé les articles de magazine, j'avais fait ça bien, un répertoire avec multiples onglets, où je rangeais mes articles soigneusement découpés. A l'époque, j'avais déja entendu parler de la Leche League, mais l'animatrice de réunion habitait bien trop loin de chez moi.
Je me souviens de ce médecin qui m' a dit un jour pendant ma grossesse : "pour préparer vos têtons, n'hésitez pas à les tripoter". Je rigole toujours en repensant à ce conseil et ma gêne ressentie ce jour là.

J'ai accouché, je n'étais toujours pas inquiète . Je SAVAIS . Mais tout s'est précipité et j'ai eu une césarienne, le truc pas prévu qui te tombe dessus. Alors, d'être séparée comme ça de mon tout petit, m'a donné encore plus envie d'allaiter, lui donner le sein. Plus qu'une évidence, c'était devenu un besoin, une NÉCESSITÉ.
Réparer cet accouchement que l'on m'avait volé, rattraper ce qui m'avait échappé, tisser ce lien avec mon BB, lui montrer que j'étais là, qu'il pouvait me toucher, me sentir, me respirer à volonté.
Tout s'est passé à merveille, mais c'était mon premier, je restais obsédée par son poids et j'avais loué une balance pour le peser. Pourtant il était beau mon BB , 4 kgs à la naissance! Du lait qui coulait de sa bouche, des têtées qui finissaient avec un BB repu et profondément endormi.
Heureusement mon mari a été mon soutien infaillible, et m'a rassurée. Convaincue que j'avais tout ce qu'il fallait.

Je l'ai allaité presque un an, ce BB devenu grand, un an de bonheur et un sevrage en douceur, c'est lui qui a décidé d'arrêter.
Ma 2è a eu la chance de naître après "une expérience réussie". L'allaitement, là encore s'est bien passé, malgré des remarques à la maternité, des conseils contradictoires qu'heureusement, je ne suivais pas. Nous étions dans notre bulle, je n'ai jamais eu de problèmes, et l'allaitement a duré plus longtemps.
Le fameux "au moins 6 mois" qui s'est transformé en "au moins 1 an", "pas avant 2 ans", et qui évolue avec la croissance de votre enfant.
Ma fille était par ailleurs APLV sévère, alors la question de la poursuite de l'allaitement n'en a jamais été une. Même le pédiatre nous a fortement encouragées. Une gorgée de lait de vache et cela aurait été l'oedème de Quincke.
Je garde de cet allaitement des années magnifiques et intimes, le sentiment de faire "ce qu'il faut" et de combler de joie son enfant, et pour moi, de réparer une deuxième césarienne qui m'avait fortement peinée et fait douter de mes capacités.

Ma 3è est arrivée il n'y a pas très longtemps, j'ai annoncé d'avance à la maternité par mon projet de naissance que pour moi allaiter était aussi vital que rester avec mon BB.
Césarienne programmée, il était vital que je donne aussi vite que possible le sein à ma Poupée. Faire comme si on n'avait pas été séparées.
Je suis tombée sur un infirmier anesthésiste merveilleux qui m'a accordé un passage très court en salle de réveil, mon mari m'a posée la petite dans les bras, toute nue, nous avons fait du peau à peau ...pendant des heures.
le jour de la naissance, cette journée, il n'y avait qu'elle et moi. Son corps nu contre ma poitrine, je sens encore son odeur en songeant à son petit corps sous le drap.
Mon séjour à la maternité a été enchanteur, j'ai eu beaucoup de sollicitations , de bienveillance et de confiance de la part de l'équipe, de la curiosité bien intentionnée, je voyais bien que "cette maman allaitante, elle intriguait". J'ai senti mon allaitement...tellement respecté.  Je pense aujourd'hui encore que les filles de la maternité ont senti tellement de conviction, de volonté, de force en moi qu'elles n'ont jamais eu peur pour BB. Et puis cette courbe de poids qui a si vite remonté....

Ma fille a 16 mois aujourd'hui et je l'allaite, notre parcours est + chaotique parce qu'un RGO est venu tout chambouler, puis une IPLV,  mon allaitement est précieux parce qu'il nourrit ma fille et que c'est le seul lait qu'elle supporte, il est précieux car il lui a initié le palais de saveurs subtiles et variées, précieux parce qu'elle se blottit contre moi comme une évidence, parce qu'il la console , la berce, l'endort, précieux car elle a souffert et que seul le passage de mon lait dans son oesophage la soulageait.
Autres positions, autres arrangements, un allaitement moins serein mais encore + réconfortant, justement.
Ma fille appelle le sein comme son Grand Frère et sa Grande soeur l'ont appelé avant elle, c'est notre petit mot le petit mot dans notre langue à nous, elle me le dit en pointant mon sein de son index, elle sourit elle rigole, elle trépigne d'impatience, je sais que je lui fais un cadeau, je lui fais du bien, je ME fais du bien, c'est notre évidence, notre histoire à nous.


Si je n'avais pas pu allaiter, je ne serais pas la maman que je suis. Je suis une maman comblée.


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pour suivre mes aventures de mama'ternante : c'est ici



6 commentaires:

  1. cette histoire me ressemble, c'est très touchant. J'ai eu deux césariennes , et pour moi aussi allaiter a été une nécessité.

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  2. J'aurai tellement voulu réussir j'ai pas été écouté. Césarienne d'urgence, aucune tetee de bienvenue.. Quand j'y repense ce biberon donné machinalement à mon conjoint. Le pauvre il a cru bien faire..

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  3. Extraordinaire ma petite fille à 8 mois l'allaitement à été très dure pour moi au début ( crevasses, pleurs, douleurs. . . ) mais j'ai absolument voulu allaiter. Rien de mieux pour la calmer aujourd'hui elle le prend comme une tétine je compte l'allaiter au maximum mais craint aussi quand ses petites dents sortiront.

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  4. Ne vous en faites pas, sortie des dents ne signifie pas fin de l'allaitement ;-)
    Mes 3 BB ont commencé leurs dents à 4 mois.....vous voyez ! ;-)
    Bien sûr il se peut qu'ils mordent au tout début, ou lorsqu'une dent fait + mal (ma deuxième a eu une très mauvaise période vers 11 mois, mais les deux autres non)
    Il s'agit alors de ne pas le laisser faire, d'arriver à repérer lorsqu'il risque de mordre, il y a plein de p'tites astuces pr ne pas se faire mordre, n'hésitez pas à contacter une animatrice d'association de soutien à l'allaitement (leche league, solidarilait, galactee par exemple) ou une consultante en lactation et surtout ne stressez pas ;-)

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  5. Ah oui j'avais complètement oublié qu'on pouvait faire appel à des associations j'ai une bonne sage femme je lui en parlerai si cela se passe "mal". Merci beaucoup ��

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  6. idem, l'allaitement était essentiel et également réparateur....et a 16 mois, ( 8dents) mon fils y est toujours accroché.. <3...to be continued...
    et on adore ça...c'est un lien vraiment particulier quand on l'observe pendant la tétée, il joue avec le 2eme...frôle le téton.
    selon la position, il me retire mes mains quand je remonte mon sein, c'est à lui^^ il fait des fois n'importe quoi quoi avec sa bouche, volontairement, un peu foufou...rigole même, quand je lui fait remarquer qu'il peu me faire mal...puis s’arrête...et tète à nouveau calmement...
    c'est toujours un moment "privé " partagé, de nutrition, de jeux, d'amour....
    paméla poum.

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