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dimanche 18 juin 2017

A toi mon père, mon papa

15 ans, 
361 jours et 22h30

15 ans, 361 jours et 22h30 que tu es parti
Endormi pour toujours

Je n'étais pas préparée
on ne l'est jamais

La boule dans la gorge en écrivant ces lignes
Tous les souvenirs qui remontent
Ce manque, ce vide, ce gouffre en moi

16 ans dans 3 jours et je ne suis pas habituée

On le savait, on s'y préparait...mais on n'était pas prêts


Je n'ai jamais parlé de toi ici
Pour ne pas avoir mal
Pour ne pas pleurer
Pour aller de l'avant et regarder le bonheur et la beauté autour de moi, 
Pour saisir la joie
Pour ne pas faire pitié, faire fuir

Cela fait presque 16 ans que tu es parti et j'ai toujours mal

Je m'en voudrai toute ma vie de ne pas avoir été là à l'instant précis où tu es parti
Je me souviens de ce mauvais film, où Clyde est venu à ma rencontre
Rien qu'à son regard, j'ai compris
Je me suis écroulée, j'ai pleuré, j'ai hurlé...j'ai refusé
J'ai hurlé dans les couloirs de l’hôpital, déchirée par la douleur, j'ai cru m'évanouir
Je t'ai regardé, blanc, allongé dans ton lit, impassible, tes yeux clos
Les miens versent des larmes à cet instant

Je n'ai pas digéré et je ne m'y ferai jamais

Pendant 2 ou 3 ans (je ne sais plus, c'est ironique n'est-ce pas), j'ai eu l'impression d'avoir perdu une moitié de moi. 
Je n'étais plus qu'une moitié. Un bras, une jambe, la moitié de mon ventre, c'est comme ça que je me voyais, c'est ce que je ressentais
Et puis 1er bébé est arrivé. La joie, la vraie, celle qui te fait croire que tu vas oublier
Et puis la douleur, encore plus forte, celle que tu ne sois pas là pour le voir, pour nous voir

Depuis 16 ans je t'ai écrit, j'ai pensé à toi, je t'ai imaginé là, je t'ai revu, là-bas. Je ne pense plus tous les jours à toi, je "vis ma vie", mais tu n'es plus là et je n'ai toujours pas accepté.
je rêve souvent, tellement souvent de toi. Tu meurs à chaque fois. Depuis 16 ans, aucun rêve ne t'a sauvé. Je me réveille en suffoquant, les larmes sur mes joues, le coeur noué, l'impression d'étouffer.

J'ai 3 enfants aujourd'hui et tu ne les as pas pris dans les bras
Tu ne les as pas bercés pour me soulager
Tu ne les as pas baladés partout
Tu ne leur as pas appris à planter un clou et pyrograver
Ils ne verront jamais ton établi, ton repère, ton univers
Tu ne pourras jamais leur parler de Mozart et de la musique qui transcende et ressource
Tu ne leur as pas fabriqué de corde à sauter, ne leur as pas appris le système D
Tu ne les as pas emmenés faire de la randonnée et apprendre l'escalade
n'as pas fixé leur baudrier
tu ne leur as pas appris à faire du vélo
Tu n'as pas vu les premiers pas de mon premier, ses yeux bleus, ses grands yeux...les miens !
tu n'as pas vu ma deuxième, mon portrait, ses yeux tout étirés
tu n'as pas pu porter miss Koala, lui dire que j'étais comme elle, petite, impossible à allonger
Tu ne connais pas leur intelligence, leur imagination
Tu serais fier de les voir dehors, tout le temps dehors
Tu serais heureux de voir que la maternité m'a révélée à moi-même
Je voudrais que tu vois mes 40 ans
Leur enfance, leur adolescence, leurs rêves

je voudrais que tu sois là


Ta mort a tout dévasté


 

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