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vendredi 29 janvier 2016

Une nuit avec ma Grande Fille

Cette nuit, j'ai dormi avec Grande Fille. Ma belle, ma patiente, ma douce Grande Fille.


Ce n'était pas prévu, c'est arrivé comme ça, à la faveur d'un câlin échangé en début de soirée.

Pour une fois, c'est moi qui couchais les Grands. J'étais montée avec eux pour jouer un peu d'abord et ma Grande avait demandé à ce qu'on fasse de la relaxation. Requête qui m'avait étonnée d'un côté car j'ignorais qu'elle faisait ce genre d'exercice tous les soirs avec son Papa (ils ont leurs petits secrets visiblement), mais de l'autre j'avais bien reconnu là ce penchant de ma Fille pour les choses qui ressourcent, qui font du bien, qui calment le corps et l'esprit. Quand elle m'a dit en montant qu'elle voulait qu'on fasse ce genre de petit exercice, j'ai pensé prendre mon livre "Calme et attentif comme une grenouille" (gagné avec Kaizen magazine, mais je me le serais acheté sinon) et le CD afin de faire un des petits exercices de relaxation parfaits pour décompresser le soir avant d'aller se coucher. Mais n'ayant jamais écouté le CD encore j'ai eu peur de patiner alors j'ai décidé de me laisser guider par Grande Fille.

Nous nous sommes allongées par terre, la tête sur un coussin, dos sur le parquet. Nous avons fermé les yeux et nous sommes partis pour la plage, le bruit des vagues..j'ai senti le soleil sur ma peau, la vague sur mes orteils......
et puis soudain un crabe m'a pincée !

On était bien, allongées l'une contre l'autre et au bord de l'océan, malgré BB Koala rebondissant sur le matelas à côté qui n cessait d'appeler "maman" et mon Grand qui ne voulait pas participer mais s'ennuyait et soupirait (c'est lui qui aurait le + besoin de se laisser aller et d'écouter le CD en entier...)

Nos cheveux se touchaient , nos mains s'effleuraient, le soleil nous brûlait la peau et on entendait les bruits des vagues et elle m'a dit soudain "Maman, dors avec moi stp". 
Ma Grande ne demande jamais rien. Presque jamais. Elle laisse faire les choses, les accepte comme elles sont, fait avec, ou fait sans. Elle ne s'impose pas, elle n'exige jamais.
J'ai senti une vague d'amour monter de moi, l'envie brûlante de lui dire oui, bien entendu ma chérie, je vais dormir avec toi, on va rester comme ça l'une contre l'autre..
J'ai eu envie de lui dire oui, pour elle, pour moi.
 Parce que dormir ensemble, s'allonger auprès d'une personne rassurante et que l'on aime plus que tout au monde, une partie de soi, c'est apaisant, c'est comme faire le plein d'amour et de confiance.
Parce que je me suis dit que si elle le demandait, c'est qu'elle en avait besoin et parce que moi aussi, j'en avais besoin. Parce que c'est mon enfant et que je suis sa maman.

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J'ai ressenti cet écartèlement entre mon rôle d'épouse et celui de maman. Lui dire oui serait ne pas dormir avec mon mari, père de mes enfants, celui que je ne vois que le soir..et la nuit. Ce serait rater une occasion de discuter, d'être proches, d’être intimes.
Lui dire non, ce serait négliger sa demande, faire comme si elle était seule à en avoir envie, ne pas entendre son besoin, ne pas lui donner la première place, elle qui se met toujours derrière les autres.
J'ai ressenti cet écartèlement, ce besoin instinctif de dire oui, ce devoir de lui dire non. 
Mon cœur criait "oui ma fille", mais j'ai voulu en parler avec Papa Clyde , alors je lui ai expliqué que ces décisions se prenaient à deux car c'est avec son papa que je dors, normalement. Je me suis excusée, j'ai bafouillé, je réfléchissais..

La chose a été vite réglée, finalement, ce n'était qu'une nuit et j'en avais tellement envie..
Tellement envie car dormir avec mes enfants est quelque chose de naturel, je on n'y voit rien de mal, rien d'embêtant, c'est ressourçant, apaisant, je me sens louve, mère, mammifère, maman, je me sens à ma place. 
Et puis et  puis cela remplit notre réservoir affectif, moi qui hier soir sentais le mien presque vide, j'avais besoin de cette chaleur là, de cet amour, de cet instinct.
Et puis et puis, il arrivera tellement vite, le temps où elle ne voudra plus de moi, où elle ne voudra plus de câlins, ou beaucoup moins, où elle sera grande et rêvera juste qu'une amie vienne dormir..
Nous sommes allées dans la chambre d'amis, car dans son petit lit de 90 cm cela aurait été un peu compliqué avec BB Koala.
Elle a imaginé se blottir tout contre moi et moi la serrer contre moi, on s'est imaginées seules au monde, à recharger nos batteries et faire le plein d'amour. Juste elle et moi, comme avant. Le silence, nos pieds enlacés, les battements de nos coeurs, son souffle serein, moi l'écoutant et me retenant de lui caresser les cheveux car elle n'aime pas ça.
La réalité a été un peu différente car il y avait BB Koala et avec elle, le sommeil c'est compliqué. Du mal à s'endormir, des cris dans la nuit, des tas de réveils, elle voulait dormir avec nous les deux femmes de sa vie, mais aussi avec son papa alors elle a été toute perturbée et nous a gâché la nuit.

Ce matin ce fut soupe à la grimace pour ma Grande et moi, fatiguées d'une nuit hachée, refusant de se laisser aller à la rancœur contre BB Koala et désireuses de ne retenir que le fait que oui, j'avais dormi avec elle, que j'en ai eu ENVIE.
Ce n'était pas comme dans nos rêves, il y avait un corps bougeant et exigeant de 95 cm entre nous, mais j'ai été là pour elle, tout de même. Je lui ai dit oui quand elle me l'a demandé, j'ai considéré son besoin comme important et impératif, j'ai dormi avec ma Grande Fille et cela nous a rendues heureuses, on a rempli notre réservoir d'amour et écouté notre instinct.

Et nos jambes étaient entrelacées. 

 

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