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vendredi 20 mars 2015

La fatigue émotionnelle et physique des mères, parce qu'être maman, c'est fatigant

Être maman, ce n'est pas tous les jours tout rose, et c'est le métier le plus difficile du monde, et parfois le moins valorisé et reconnu.
Vous connaissez le burn-out maternel ? Violaine Guéritault en parle très très bien dans son célèbre livre "La Fatigue émotionnelle et physique des mères"

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Voici reproduction d'un entretien qu'elle avait accordé au magazine aufeminin.com  en novembre 2010 . Parce que même si j'ai choisi sur mon blog de parler plutôt du positif, et  d'évoquer le plus souvent les choses négatives avec humour, il me tient à coeur de ne pas prétendre que tout est toujours tout beau. Ce livre me parle d'autant + que je l'ai connu, le burn-out maternel. Et que parfois, je me dis qu'il suffirait de peu de choses pour rebasculer.

Entretien ...


Est-ce que les mères sont toutes égales face à cette fatigue émotionnelle et physique ?

Bien que toutes les mères soient susceptibles de faire l’expérience du burn out maternel, certaines mères sont plus vulnérables que d’autres pour plusieurs raisons :
> Les mamans solos : elles sont en tête de liste, car elles sont seules pour tout assumer. Elles n’ont jamais aucun répit et se retrouvent seules à gérer le quotidien quels que soient les problèmes qu’elles rencontrent. Les mamans solos ont en général peu de soutien social et encore moins de reconnaissance pour ce qu’elles font. Les soucis financiers sont très souvent un énorme problème qui vient rajouter au stress quotidien.
> Les mères qui ont peu de soutien social : même si elles ne sont pas mamans solos, les mères qui bénéficient de peu de soutien social sont très isolées et n’ont que très peu d’opportunités de recharger leurs batteries ou même de se faire aider au quotidien.

Est-ce qu’il y a une zone de vulnérabilité ?

Il y a en effet des zones de vulnérabilités qui contribuent à augmenter les chances qu’une maman soit confrontée au burn out maternel.
Bien qu’un seul enfant soit suffisant pour épuiser une maman et la propulser dans un burn out maternel, plus le nombre d’enfants augmente, plus une maman a des risques de s’y confronter.
L’absence du conjoint est aussi un facteur de risque très important car la mère doit alors tout gérer seule (elle est soit maman solo, soit une femme dont le conjoint est souvent absent pour son travail, ou bien simplement absent par manque d’intérêt de la part du père pour sa famille).
Les soucis financiers, le chômage, les problèmes de santé sont aussi des facteurs aggravants.


Est-ce que cela peut devenir dangereux ? 

Oui, il y a en effet des seuils de gravité. Ces seuils sont souvent atteints lorsque le burn out maternel est présent depuis déjà un bon moment, et que les ressources émotionnelles et physiques de la mère sont de plus en plus faibles. Lorsque le burn out est présent depuis longtemps et que les facteurs de stress sont importants (bruit, manque de sommeil, etc.) Le premier risque est la maltraitance des enfants (physique, émotionnelle et verbale : syndrome du bébé secoué).

On peut arriver à des situations extrêmes...

La dépression est une autre conséquence qui peut s’avérer particulièrement grave et handicapante, si elle n’est pas traitée très sérieusement. Dans certains cas, une dépression non traitée peut s’aggraver au point de mener sa victime au suicide ou au meurtre de ses propres enfants par désespoir, et la conviction qu’elle est la pire des mères et qu’il faut qu’elle mette un terme a tant de dégâts. Heureusement de tels exemples sont rares mais de temps à autres, de tels cas se présentent.
Aux Etats-Unis en 2001, Andrea Yates noya ses 5 enfants parce qu’elle se croyait être une mère épouvantable qui avait ruiné la vie de ses enfants en raison de sa soi-disante incapacité à s’occuper d’eux correctement. En 2007, c’est la Belgique qui fut secouée par l’affaire Geneviève Lhermitte, qui tua ses 5 enfants elle aussi, car elle était au bout du rouleau...

 Alors comment se sortir d’un burn out maternel ?

Il est très difficile, voire impossible, pour une maman de se sortir d’un burn out maternel, toute seule. La pire erreur qu’elle puisse faire, serait de rester isolée et de penser qu’elle peut s’en sortir par un simple effort de volonté.
Il faut que les mamans qui souffrent de burn out travaillent sur un réseau de soutien social en rencontrant d’autres mamans et en se tournant aussi vers leur conjoint si cela est possible et s’il y a une écoute compatissante de ce côté-là.

L’aide d’un psy est important…

Sortir de l’isolement, être écoutée (et comprise) de façon bienveillante peut faire toute la différence. Par ailleurs, si une dépression est présente, il faut que la mère soit réactive et demande de l’aide auprès d’un médecin mais aussi d’un thérapeute bienveillant avec qui « le courant passe » bien, et à qui elle pourra se confier sans crainte d’être jugée. Un soutien psychologique est essentiel dans ce cas pour faire le point et surtout pour couper court à la culpabilisation galopante que ressentent beaucoup de mères et qui les paralyse, et les enfonce dans leur isolement. Très important : lorsqu’une maman choisi un psy, il faut qu’elle choisisse quelqu’un qui lui correspond, avec qui elle se sente en confiance, comprise, accompagnée et non jugée, de manière à obtenir l’aide et le soutien dont elle a besoin.
Si le thérapeute est « dur », intransigeant ou culpabilisant, alors il lui faut choisir quelqu’un d’autre, car s’il n’est pas à la hauteur, il risque de faire plus de dégâts qu’autre chose. Par ailleurs, je pense que certains accompagnements (type coach maternel) peuvent être très profitables pour toutes les mamans qui sont en burn out maternel et un excellent point de départ pour rencontrer d’autres mamans qui font face au même problème.

Que pouvez-vous dire pour déculpabiliser ces mamans qui se sentent si « mauvaise mère » ?

C’est une sacrée question piège ! Il n’y a malheureusement pas de phrase magique qui puisse déculpabiliser les mamans en un coup d’un seul... Je crois pour commencer, qu’il faut que les mères sachent que contrairement à ce qu’elles pensent, elles ne sont pas seules à ressentir ce qu’elles ressentent. Je suis psy et je crois connaître le sujet un peu par cœur, et pourtant je tombe régulièrement dans le piège de la culpabilité. Ce qui me permet d’en sortir rapidement cependant, est que je connais le phénomène parfaitement, et que je suis consciente de tous les pièges dans lesquels je peux tomber, et dans lesquels je tombe en effet ! Cette conscience me permet de prendre du recul très rapidement, et de remettre les choses en perspective bien avant de perdre pied et que les choses ne dérapent.

Alors que faire ?

 Ce que les mamans doivent absolument comprendre et accepter, est que le mythe de la mère parfaite si puissamment présent dans notre société, est seulement un mythe et qu’il est totalement irréaliste. Une mère ne sera jamais parfaite, et chaque fois qu’une mère se souvient et accepte cet état de fait, elle contribue à désacraliser ce mythe qui ne tient pas debout. Je pense que toutes les mamans devraient passer un peu de temps à s’efforcer de faire une liste de toutes les choses formidables qu’elles accomplissent au quotidien et qui passent malheureusement inaperçues aux yeux de beaucoup, y compris à leurs propres yeux. Mais par dessus tout, il faut que les mères cessent de penser qu’elles se doivent d’être des supermamans, des superwomen, des superfemmes, des super-épouses, et qu’elles apprennent à être douces, patientes et tolérantes vis-à-vis d’elles-mêmes, comme elles le sont la plupart du temps avec leurs chers petits...

À lire « La fatigue émotionnelle et physique des mères : le burn-out maternel », de Violaine Gueritault, Editions Odile Jacob.

2 commentaires:

  1. Merci, merci, merci. Je transmets à toute personne de mon entourage susceptible de juger durement toute maman qui "craque".

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  2. Un sacré sujet taboo... Etre maman, le plus beau métier du monde dit-on... Mais sans doute le plus difficile tant il est difficile pour nous d'accepter nos failles et nos limites dans notre relation à nos enfants.
    Merci pour cet article et la référence du livre qui, je pense pourra intéresser du monde dans mon entourage, et moi en premier d'ailleurs !
    Quant à la culpabilité... Que peut-on en dire? Elle est là, présente, lorsqu'on ne se sent pas à la hauteur et elle nous empêche d'avancer lorsqu'on n'arrive pas à s'en débarrasser. Effectivement, rester seule, ne pas en parler me semble la pire erreur car parfois un mot, un regard, un geste d'un ami, famille ou professionnel peut tellement nous aider...
    Courage à toutes les mamans, celles en burn-out, celles en dépression, celles fatiguées celles qui vont bien...

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