Être maman, ce n'est pas tous les jours tout rose, et c'est le métier le plus difficile du monde, et parfois le moins valorisé et reconnu.
Vous connaissez le burn-out maternel ? Violaine Guéritault en parle très très bien dans son célèbre livre "La Fatigue émotionnelle et physique des mères"
Voici reproduction d'un entretien qu'elle avait accordé au magazine aufeminin.com en novembre 2010 . Parce que même si j'ai choisi sur mon blog de parler plutôt du positif, et d'évoquer le plus souvent les choses négatives avec humour, il me tient à coeur de ne pas prétendre que tout est toujours tout beau. Ce livre me parle d'autant + que je l'ai connu, le burn-out maternel. Et que parfois, je me dis qu'il suffirait de peu de choses pour rebasculer.
Entretien ...
Est-ce que les mères sont toutes égales face à cette fatigue émotionnelle et physique ?
Bien que toutes les mères soient susceptibles de faire l’expérience du burn out maternel, certaines mères sont plus vulnérables que d’autres pour plusieurs raisons :
> Les mamans solos : elles sont en tête de liste, car elles sont seules pour tout assumer. Elles n’ont jamais aucun répit et se retrouvent seules à gérer le quotidien quels que soient les problèmes qu’elles rencontrent. Les mamans solos ont en général peu de soutien social et encore moins de reconnaissance pour ce qu’elles font. Les soucis financiers sont très souvent un énorme problème qui vient rajouter au stress quotidien.
> Les mamans solos : elles sont en tête de liste, car elles sont seules pour tout assumer. Elles n’ont jamais aucun répit et se retrouvent seules à gérer le quotidien quels que soient les problèmes qu’elles rencontrent. Les mamans solos ont en général peu de soutien social et encore moins de reconnaissance pour ce qu’elles font. Les soucis financiers sont très souvent un énorme problème qui vient rajouter au stress quotidien.
> Les mères qui ont peu de soutien social : même si
elles ne sont pas mamans solos, les mères qui bénéficient de peu de
soutien social sont très isolées et n’ont que très peu d’opportunités de
recharger leurs batteries ou même de se faire aider au quotidien.
Est-ce qu’il y a une zone de vulnérabilité ?
Il y a en effet des zones de vulnérabilités qui contribuent à augmenter les chances qu’une maman soit confrontée au burn out maternel.
Bien qu’un seul enfant soit suffisant pour épuiser une maman et la propulser dans un burn out maternel, plus le nombre d’enfants augmente, plus une maman a des risques de s’y confronter.
L’absence du conjoint est aussi un facteur de risque très important car la mère doit alors tout gérer seule (elle est soit maman solo,
soit une femme dont le conjoint est souvent absent pour son travail, ou
bien simplement absent par manque d’intérêt de la part du père pour sa famille).
Les soucis financiers, le chômage, les problèmes de santé sont aussi des facteurs aggravants.
Est-ce que cela peut devenir dangereux ?
Oui, il y a en effet des seuils de gravité. Ces seuils sont souvent
atteints lorsque le burn out maternel est présent depuis déjà un bon
moment, et que les ressources émotionnelles et physiques de la mère sont
de plus en plus faibles. Lorsque le burn out est présent depuis
longtemps et que les facteurs de stress sont importants (bruit, manque
de sommeil, etc.) Le premier risque est la maltraitance des enfants
(physique, émotionnelle et verbale : syndrome du bébé secoué).
On peut arriver à des situations extrêmes...
La dépression est une autre conséquence qui peut s’avérer
particulièrement grave et handicapante, si elle n’est pas traitée très
sérieusement. Dans certains cas, une dépression non traitée peut
s’aggraver au point de mener sa victime au suicide ou au meurtre de ses
propres enfants par désespoir, et la conviction qu’elle est la pire des
mères et qu’il faut qu’elle mette un terme a tant de dégâts.
Heureusement de tels exemples sont rares mais de temps à autres, de tels
cas se présentent.
Aux Etats-Unis en 2001, Andrea Yates noya ses 5 enfants parce qu’elle se
croyait être une mère épouvantable qui avait ruiné la vie de ses
enfants en raison de sa soi-disante incapacité à s’occuper d’eux
correctement. En 2007, c’est la Belgique qui fut secouée par l’affaire
Geneviève Lhermitte, qui tua ses 5 enfants elle aussi, car elle était au
bout du rouleau...
Alors comment se sortir d’un burn out maternel ?
Il est très difficile, voire impossible, pour une maman de se sortir d’un burn out
maternel, toute seule. La pire erreur qu’elle puisse faire, serait de
rester isolée et de penser qu’elle peut s’en sortir par un simple effort
de volonté.
Il faut que les mamans qui souffrent de burn out travaillent sur un réseau de soutien social en rencontrant d’autres mamans et en se tournant aussi vers leur conjoint si cela est possible et s’il y a une écoute compatissante de ce côté-là.
Il faut que les mamans qui souffrent de burn out travaillent sur un réseau de soutien social en rencontrant d’autres mamans et en se tournant aussi vers leur conjoint si cela est possible et s’il y a une écoute compatissante de ce côté-là.
L’aide d’un psy est important…
Sortir de l’isolement, être écoutée (et comprise) de façon
bienveillante peut faire toute la différence. Par ailleurs, si une
dépression est présente, il faut que la mère soit réactive et demande de
l’aide auprès d’un médecin mais aussi d’un thérapeute bienveillant avec
qui « le courant passe » bien, et à qui elle pourra se confier sans
crainte d’être jugée. Un soutien psychologique est essentiel dans ce cas
pour faire le point et surtout pour couper court à la culpabilisation
galopante que ressentent beaucoup de mères et qui les paralyse, et les
enfonce dans leur isolement. Très important : lorsqu’une maman choisi un
psy, il faut qu’elle choisisse quelqu’un qui lui correspond, avec qui
elle se sente en confiance, comprise, accompagnée et non jugée, de
manière à obtenir l’aide et le soutien dont elle a besoin.
Si le thérapeute est « dur », intransigeant ou culpabilisant, alors il lui faut choisir quelqu’un d’autre, car s’il n’est pas à la hauteur, il risque de faire plus de dégâts qu’autre chose. Par ailleurs, je pense que certains accompagnements (type coach maternel) peuvent être très profitables pour toutes les mamans qui sont en burn out maternel et un excellent point de départ pour rencontrer d’autres mamans qui font face au même problème.
Si le thérapeute est « dur », intransigeant ou culpabilisant, alors il lui faut choisir quelqu’un d’autre, car s’il n’est pas à la hauteur, il risque de faire plus de dégâts qu’autre chose. Par ailleurs, je pense que certains accompagnements (type coach maternel) peuvent être très profitables pour toutes les mamans qui sont en burn out maternel et un excellent point de départ pour rencontrer d’autres mamans qui font face au même problème.
Que pouvez-vous dire pour déculpabiliser ces mamans qui se sentent si « mauvaise mère » ?
C’est une sacrée question piège ! Il n’y a malheureusement pas de
phrase magique qui puisse déculpabiliser les mamans en un coup d’un
seul... Je crois pour commencer, qu’il faut que les mères sachent que
contrairement à ce qu’elles pensent, elles ne sont pas seules à
ressentir ce qu’elles ressentent. Je suis psy et je crois connaître le
sujet un peu par cœur, et pourtant je tombe régulièrement dans le piège
de la culpabilité. Ce qui me permet d’en sortir rapidement cependant,
est que je connais le phénomène parfaitement, et que je suis consciente
de tous les pièges dans lesquels je peux tomber, et dans lesquels je
tombe en effet ! Cette conscience me permet de prendre du recul très
rapidement, et de remettre les choses en perspective bien avant de
perdre pied et que les choses ne dérapent.
Alors que faire ?
Ce que les mamans doivent absolument comprendre et accepter, est que le
mythe de la mère parfaite si puissamment présent dans notre société, est
seulement un mythe et qu’il est totalement irréaliste. Une mère ne sera
jamais parfaite, et chaque fois qu’une mère se souvient et accepte cet
état de fait, elle contribue à désacraliser ce mythe qui ne tient pas
debout. Je pense que toutes les mamans devraient passer un peu de temps à
s’efforcer de faire une liste de toutes les choses formidables qu’elles
accomplissent au quotidien et qui passent malheureusement inaperçues
aux yeux de beaucoup, y compris à leurs propres yeux. Mais par dessus
tout, il faut que les mères cessent de penser qu’elles se doivent d’être
des supermamans, des superwomen, des superfemmes, des super-épouses, et
qu’elles apprennent à être douces, patientes et tolérantes vis-à-vis
d’elles-mêmes, comme elles le sont la plupart du temps avec leurs chers
petits...
Merci, merci, merci. Je transmets à toute personne de mon entourage susceptible de juger durement toute maman qui "craque".
RépondreSupprimerUn sacré sujet taboo... Etre maman, le plus beau métier du monde dit-on... Mais sans doute le plus difficile tant il est difficile pour nous d'accepter nos failles et nos limites dans notre relation à nos enfants.
RépondreSupprimerMerci pour cet article et la référence du livre qui, je pense pourra intéresser du monde dans mon entourage, et moi en premier d'ailleurs !
Quant à la culpabilité... Que peut-on en dire? Elle est là, présente, lorsqu'on ne se sent pas à la hauteur et elle nous empêche d'avancer lorsqu'on n'arrive pas à s'en débarrasser. Effectivement, rester seule, ne pas en parler me semble la pire erreur car parfois un mot, un regard, un geste d'un ami, famille ou professionnel peut tellement nous aider...
Courage à toutes les mamans, celles en burn-out, celles en dépression, celles fatiguées celles qui vont bien...