Un métier avec des enfants....zoom sur l'ostéopathe

  Comme la plupart d'entre vous, ayant souvent mal au dos, (ou ailleurs),  je suis allée voir plusieurs fois, et depuis de nombreuses années, un ostéopathe. Comme la plupart d'entre vous, j'ai aussi amené mes enfants, bébés. Pour mes deux filles d'ailleurs, j'y suis allée dès la sortie de la maternité (c'est recommandé).

J'ai voulu en savoir un peu plus sur cette profession qui semble souvent "faire des miracles" (inutile de préciser qu'il ne s'agit que d'une image), et remercie Perrine Boiteux , D.O.F, de s'être pliée au jeu de l'interview. 

1) Quelle formation avez-vous suivie ? Depuis quand exercez-vous ?

J'ai suivi la formation de l’École Supérieure d'Ostéopathie (ESO) de Paris, école agréée par l'Etat. Cela correspond à 6 années d'études à temps plein. J'exerce dans mon propre cabinet depuis juillet 2009.

2) En quoi consiste le travail d'un ostéopathe ?

Le but de l’ostéopathie est de trouver la cause du symptôme (douleur ou autre dysfonctionnement corporel) en utilisant uniquement comme outil la main du thérapeute.

A la fois préventive et curative, elle se base sur l’idée selon laquelle toute perte de mobilité d’une zone du corps apparaît au niveau des muscles, des tendons, des viscères, du crâne ou des enveloppes et induira des dysfonctionnements à plus ou moins long terme.

3) Dans quelles situations l'ostéopathie peut-elle être utile après une naissance ? Tous les bébés devraient-ils être examinés, selon vous ?

 Un bébé peut être pris en charge par un ostéopathe compétent pour corriger différents troubles qui peuvent le perturber : 

une naissance compliquée, 

des troubles de la succion, 

un reflux gastro-oesophagien, 

les coliques du nourrissons, 

un torticolis congénital, 

une plagiocéphalie...

 Je pense qu'il est important de consulter dès la naissance ! Mais respectons l’enfant et laissons-lui un peu le temps de récupérer de ce parcours fatiguant qu’est la naissance ! A partir du 2^ème ou 3^ème jour de vie d’un bébé, l’ostéopathe peut intervenir. [1] L’avantage de le soigner tôt est que ses structures (crâniennes notamment) sont malléables, ainsi les corrections seront plus rapides et efficaces. En France, environ 60 maternités sur 500 bénéficient de l’aide d’un ostéopathe dans les équipes médicales.

Si la cause du problème était bien le manque de mobilité de cette zone, l’enfant se sentira mieux quelques jours après la séance (le temps que le corps intègre les informations données par l’ostéopathe et se rééquilibre), il pleurera moins (s’il pleurait) et le symptôme pourra disparaître.

Différentes périodes du développement psychomoteur du bébé sont particulièrement indiquées pour faire un bilan ostéopathique : lors de l’apprentissage de la position assise (vers 7/8mois) et lors de l’acquisition de la marche (autour d’1 an environ).
Certaines chaînes musculaires et articulations sont alors à contrôler en rapport avec la position verticale qu’il ne tenait pas avant. A cette période, il multiplie et accumule les chutes. Ces évènements d’apparence anodine sont de micro-traumatismes, qui répétés, provoquent des déséquilibres à corriger.
Lors des poussées dentaires une séance peut être bénéfique, ceci en rapport avec la croissance des os de la face, la position de la langue, des dents et la respiration.

 4) Pour les enfants, quelles sont les tranches d'âges "critiques" visées par l'ostéopathie ? 

Pour les plus grands, il est intéressant de suivre les enfants :
- en pleine croissance dans un but préventif (éviter certaines douleurs de croissance ou certaines pathologies en stimulant le système immunitaire par exemple),
- dans un but postural (difficulté à l’apprentissage de la marche, nombreuses chutes, suivi de scoliose, douleurs dorsales ou cervicales)
- ou parfois dans un but psycho-émotionnel (phobies, difficultés d’endormissement, insomnies, terreurs nocturnes, etc.).

À la puberté des changements hormonaux et physiques s’opèrent, entraînant parfois des dysfonctions importantes à corriger pour un mieux-être de l’adolescent. De plus, à cet âge, l’ado est en recherche de sa place dans la société ou à la maison et quelques troubles sociaux ou scolaires peuvent apparaître (difficulté de concentration, anorexie, boulimie, agressivité, angoisses, dyslexie…).
 L’ostéopathe peut accompagner l’adolescent pendant cette période en apportant une écoute neutre et en travaillant spécifiquement sur des zones clés en lien avec ces différents troubles, en fonction de l’histoire de chaque patient.

Un bilan ostéopathique annuel est recommandé pour chaque enfant.

  5) Comment commence puis se déroule une consultation avec un bébé ?

En début de consultation, dès la salle d’attente je me présente à l’enfant, puis aux parents. L’œil de l’ostéopathe peut repérer des symptômes avant même de toucher l’enfant, puis les parents vont m’expliquer en quelques phrases pourquoi ils viennent me confier leur bébé.
Quand l’enfant est installé sur la table, je vais d’abord capter son regard pour le mettre en confiance, lui qui ne peut pas parler et lui demander son accord pour la séance d’ostéopathie. J’ai toujours une réponse, qu’elle soit négative ou positive, et de quelque manière que ce soit (un regard profond, un sourire, une agitation, un cri de joie, ou un pleur).
Ensuite je lui explique tout ce que je vais faire, et cela à chaque fois que je change mes mains de place sur son corps. Lorsque je pose mes mains, l’enfant donne parfois des indices que je peux décrire et ses tissus vont emmener mes mains vers les zones de tensions à corriger.
La consultation avec un bébé ou un enfant est un moment doux, de confiance réciproque, entre lui, moi le thérapeute, et ses parents.

 6) Existe-t-il des risques à la pratique de l’ostéopathie chez les enfants ? Est-ce qu'une séance peut faire "mal" au bébé, à l'enfant ?

Il est indispensable de confier son enfant à un ostéopathe diplômé d’une école agréée par l’Etat français et qui maîtrise les soins ostéopathiques des nourrissons.
Bien sûr l’ostéopathe choisira les techniques qu’il va utiliser en fonction du patient qu’il reçoit.  Il est évident que l’on ne va pas « faire craquer » un nourrisson ou un enfant. Nous avons d’autres techniques qui ont la même efficacité (voire supérieure !) et qui sont extrêmement douces. Les parents sont souvent surpris de voir que les mains de l’ostéopathe bougent à peine sur le corps de leur enfant ![*]
Les enfants sont souvent fatigués après une séance d’ostéopathie (ils dorment donc plus !) mais rapidement ils reprennent leur rythme. Ils ne se plaignent pas de douleur après les séances, les bébés ne pleurent pas plus.
Il est intéressant de les faire boire plus d’eau que d’habitude pendant les 48H suivant la séance d’ostéopathie afin que le corps ne soit pas déshydraté, qu’il puisse drainer ce qui doit l’être et que les cellules puissent se rééquilibrer en fonction des informations que l’ostéopathe leur aura donné.
Il est aussi important que l’enfant ne pratique pas de sport pendant ces 48h suivant la séance, pour que le corps se rééquilibre tranquillement sans risquer de perturber le travail accompli pendant la séance d’ostéopathie.

7) Mais alors, l'ostéopathie peut-elle tout soigner ?

L’ostéopathe peut intervenir sur les symptômes fonctionnels (cités plus haut), mais pas sur ce qui est organique. Ainsi, un ostéopathe ne peut pas soigner une angine, une fracture, une luxation, une bronchiolite, une méningite, un cancer, une malformation cardiaque, rénale … etc. L’ostéopathe doit intervenir en complémentarité de diagnostics médicaux (effectués par le pédiatre ou le médecin traitant).

8) Est-il conseillé aux femmes enceintes de consulter un ostéopathe ?

Bien sûr ! Avec le changement de morphologie lié à la grossesse (prise de poids, surtout au niveau abdominal), la posture est modifiée et une patiente jusqu'alors bien équilibrée peut développer des douleurs, souvent lombaires mais parfois aussi dorsales, ou au niveau du bassin (et du coccyx). 
Ensuite, il y a différents "petits maux de grossesse" qui peuvent être atténués (nausées, remontées gastriques, insomnies) pendant la grossesse. 
Enfin, une séance un mois avant accouchement permettra au corps de la maman d'être prêt à accoucher: les hanches, le bassin, la colonne vertébrale auront une meilleure mobilité, le périnée sera suffisamment relâché par favoriser le passage du bébé, le diaphragme détendu pour avoir un volume d'air maximum.

Après l'accouchement, une consultation est fortement recommandée aussi, pour vérifier une fois encore que les structures osseuses bougent bien (bassin, colonne hanches) mais aussi pour aider les structures musculaires parfois abimées à retrouver leur souplesse (le périnée surtout).

9) Une question relative au RGO (sujet qui m'est cher) : l'ostéopathie "guérit-elle" forcément le RGO chez le petit enfant ?

L'ostéopathe s'attachera à poser toutes les questions nécessaires aux parents pour comprendre quand surviennent ces RGO, et il prendre le temps de vérifier toutes les zones en lien avec l'estomac pour trouver la cause des RGO. Si la cause est du ressort de l'ostéopathe , il la soignera (comme par exemple le traitement du nerf qui peut provoquer les RGO), si la cause est toute autre (intolérance alimentaire par exemple), l'ostéopathe référera l'enfant à son médecin/pédiatre pour trouver une autre alternative alimentaire. Il arrive donc que les causes de RGO ne soient pas du ressort de l'ostéopathe.

10) Une dernière question : que pensez-vous du portage en écharpe (en porte-bébé, etc) ?

Lou Pine - la Louverie

Concernant le portage (en écharpe ou en porte bébé physiologique) je suis tout à fait pour! mais je pourrai vous en dire plus dans quelques semaines ou mois lorsque je l'aurai testé avec mon bébé! (NDLR : Perrine est enceinte de 9 mois) .Mais comme je suis intéressée je vais aller prendre quelques cours auprès d'une monitrice. Ce que j'aime à travers le portage c'est le coté respect de la physiologie du bébé et de son développement corporel : à la naissance, seule une des 3 courbures de la colonne vertébrale du bébé est présente: la cyphose dorsale. Ainsi, lorsque le bébé est porté en écharpe, sa colonne restera bien 'courbée vers l'avant' en flexion) ce qui respecte sa physiologie. Ceci peut être réalisé uniquement si l'enfant a les genoux remontés au moins à hauteur du bassin, et le portage en écharpe permet cette position. Par ailleurs, le coté proximité avec le parent doit (j'imagine) bien rassurer l'enfant dans des moments où il en a besoin.

[*] Si l’ostéopathe doit faire des « manipulations du crâne, de la face et du rachis chez le nourrisson de moins de 6 mois » il faut « un diagnostic établi par un médecin attestant l’absence de contre-indication médicale à l’ostéopathie » – article 3 du décret du 27 Mars 2007-).

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Perrine Boiteux
Diplômée de l’Ecole Supérieure d’Ostéopathie de Marne la Vallée, Perrine Boiteux a tout particulièrement développé ses compétences en « ostéopathie tissulaire appliquée aux bébés » et en ostéopathie gynécologique, ainsi que dans les domaines des pathologies ORL, du système nerveux végétatif, des nerfs crâniens, et du K-Taping.

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