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samedi 8 novembre 2014

Ce jour (cette nuit) où je suis devenue maman..

Hier, je suis redevenue Tata. Je n'aime pas ce mot, mais j'en adore l'idée. Voir s'agrandir la Famille, savoir qu'un nouveau petit bout, quelque part, a le même sang que vous. Que vous le verrez grandir.
Que votre soeur est devenue Mère.
HIer, ma soeur a accouché. Je suis heureuse, je suis joyeuse, je suis touchée. Je suis frustrée car ils sont loin. Mais ça y est, BB est né.

Cette naissance que l'on attendait, cette grossesse qui a tardé me donnent l'occasion de repenser à ce jour où je suis devenue Mère, moi.

C'était il y a 10 ans, c'était d'ailleurs dans la même maternité. J'avais eu une grossesse un peu compliquée, pas pour BB mais pour moi. Peu avant le terme, on discutait également encore de savoir à quelle date justement la grossesse était censée s'achever. Les médecins ont beau prétendre que la DPA n'est qu'une fenêtre, une théorie, ils en font quand même une date butoir après laquelle tout change.
Le jour de la DPA donc, rien en vue. Pourtant , j'avais passé deux jours à peindre une chambre du bas du sol au plafond, les murs le lambris, et même les fenêtres. RIEN, pas une contraction. A cette époque j'ignorais tout, je n'avais pas de ballon, pas de recette naturelle, je ne connaissais aucun acupuncteur, je ne faisais aucun exercice de yoga ou de "préparation du bassin" et je n'avais très franchement plus envie non plus de faire un câlin pour déclencher la chose...
Alors le jour de la DPA, je suis allée à la maternité. Monitoring, examen de routine, Rien.
Nous avons fait ça le surlendemain, puis le surlendemain. Le surlendemain encore, comme ça faisait une semaine et que je ressemblais à un fruit trop mûr, ils ont décidé de déclencher en douceur. Le fameux gel, qui agit généralement bien sur les autres , et qui sur moi n'a rien fait.
Je suis restée à la maternité la nuit, et le matin on a recommencé. Pose d'un gel, et "allez marcher dans le parc". Clyde était là, impatient mais détendu, on est allés marcher, j'avais un peu mal, mais finalement aucun effet. Toujours pas la moindre petite fraction de contraction, col fermé (col bouché moi je disais). La SF était confiante , on avait "encore le temps". Vers 15h, je me suis assoupie un peu, j'avais beau ne rien faire, j'avais sommeil. En y repensant, j'ai regretté longtemps de n'avoir pas été plus active, si j'avais su alors tout ce que je sais maintenant, je n'aurais pas arrêté de m'accroupir, de bouger, de marcher, je n'aurais certainement pas dormi !
A 16h, je me suis levée, j'avais quelques contractions mais rien de déterminant non plus. Je suis allée vers la porte de la salle de bain, car j'avais envie de faire pipi, et là Badaboumm, l'inondation ! J'ai perdu les eaux, aucun doute ce n'était pas mon envie qui avait été trop forte, le lino était inondé. Une belle flaque, ...mince alors.
J'étais là toute perplexe seule dans ma chambre à me demander comment procéder , quand (ce que je vais vous raconter n'est pas une caméra cachée, non non je vous assure j'ai vérifié) le gars de la télé est arrivé !
"oui bonjour ma p'tite dame, alors comme ça vous vous apprêtez à vivre le jour le plus merveilleux de votre vie mais vous n'avez pas la télé ?" (bon j'avoue il me l'a pas fait tout à fait comme ça)
moi, complètement perdue, et sentant des contractions arriver assez brutalement , 
"euh, ah, euh, attendez....(gros blanc), euh, j'ai perdu les eaux là vous voyez" (pour moi, la désignation de la flaque immense qui l'empêchait de rentrer complètement et aussi de ressortir, c'était suffisant comme explication, mais pour lui, non : il est resté planté, à attendre)
Attendre que je cherche mon porte-monnaie, mon chéquier, que sais-je, le souvenir est un peu flou aujourd'hui car non seulement la télé je m'en fichais comme de ma première chemise, mais en + j'étais un peu gênée. Lui visiblement, pas du tout. Ou alors, l'appat du gain . A moins que ce ne soit pour en avoir une "super drôle" à raconter à ses collègues en rentrant.
Je n'osais pas bouger, j'avais trop peur de glisser, j'avais une jupe trempée et la honte de ma vie, c'est comme si j'avais fait pipi devant lui, et lui ne bougeait pas, il attendait, il regardait .
Passons.
Les contractions se sont un peu accélérées, multipliées. Moi , j'avais déjà l'impression d'avoir des règles puissance 100. Mais je me disais que c'était pour la bonne cause, que cette fois ça démarrait.
A 20h lorsque la SF m'a pour la millième fois examinée et annoncé que "non, le col n'avait pas bougé", je n'en ai pas cru mes oreilles. Je me suis demandée comment j'allais tenir toute la nuit et tout simplement y arriver vu le mal que ça me faisait. A ce moment là, j'avoue que j'ai été un peu découragée. Mais la SF a dit qu'on avait "toute la nuit", et elle est partie. Clyde aussi est rentré, recharger les batteries, manger, se reposer un peu, au cas probable où il serait appelé cette nuit.

Finalement, il a été rappelé moins d'une heure plus tard, en catastrophe : la nouvelle équipe de nuit venait de m'annoncer que finalement, je partais faire une césarienne au bloc. Ne me demandez pourquoi, aujourd'hui je ne sais toujours pas pourquoi.

Clyde est arrivé, avec une belle chemise, il n'avait pas oublié : on nous avait annoncé qu'en cas de césarienne, le BB faisait du peau-à-peau avec Papa en attendant que Maman revienne du bloc. C'était notre réconfort... Mais pour l'instant d'ailleurs, nous étions simplement étourdis, tout heureux et excités : finie la perspective d'une longue nuit et de multiples heures de douleur, dans moins d'une heure, notre fils serait là.
On m'a vite préparée, mise sur le brancard, Clyde m'a suivie jusqu'à la porte du bloc. 
Il faisait froid, dans ce bloc. J'ai senti soudain tout le cafard m'envahir. Se sentir seule, se sentir nue. Se sentir oubliée. Une péridurale faite dans la douleur, entre deux contractions. Entre deux contractions en théorie, car en pratique, tu as le point culminant de la contraction, mais aussi le moment où ça grimpe, et celui où ça redescend, et où tu as très très mal également. C'est là qu'il a piqué.
Un bras avec le truc de la tension, un autre bras mobilisé pour je ne sais plus quoi (et pourtant j'en ai eu 3 des césariennes !). Le champ opératoire. La charlotte. Je tremblote, je commence à pleurer.
Je suis tombée sur un obstétricien fabuleux : d'abord il m'a fait une réflexion sur mes mensurations, ma largeur, m'a dit que ça ne tenait pas bien sur leur foutue planche. Sympa....!
Puis l'opération. Pas un mot pour moi. De toute façon, il ne m'a même pas regardée, ne s'est pas présenté, ne m'a pas dit ce qu'on allait faire, ne m'a pas encouragée. JE n'existais pas, je n'étais qu'un utérus à vider. Pendant qu'il m'ouvrait et faisait son travail, il racontait à l'équipe qu'il avait eu une grosse journée, et qu'il n'avait même pas eu le temps de manger. Et que demain, il allait faire un golf et qu'il était impatient (véridique ! les "caméras cachées" n'étaient pas là non plus).
Je me sentais seule, j'essayais de me concentrer mais je ne pensais qu'à ce que je n'avais pas, à mon mari qui attendait sûrement inquiet de l'autre côté, je me réconfortais avec ce futur peau-à-peau, je pensais à cette future première mise au sein de mon BB, mon garçon que j'avais tellement, tellement désiré.
Et puis il est né. 21h52, un gros cri. Un BB dodu, plein de cheveux. La SF me l'a présenté, son visage tout près du mien. Je ne l'ai pas caressé, je l'ai juste regardé, intensément. Il avait un oeil fermé, mais l'autre me scrutait. Cet oeil m'a transpercée, est allé au plus profond de mon âme, de mon coeur, a fait jaillir cet amour éternel, inconditionnel. Ce premier regard m'a fait devenir mère et a tout changé en moi.
J'ai fermé les yeux pendant qu'ils emmenaient (m'enlevaient) mon BB, j'ai pleuré, j'ai souri, j'ai attendu patiemment qu'on me recouse, qu'on me referme, et pour que ce gynéco merveilleux s'en aille comme il était venu, sans un regard, sans un mot pour moi..
L'infirmier m'a alors annoncé que comme il était tard, comme c'était calme et comme c'était si dur d'être séparés comme ça, BB et moi, j'allais être ramenée directement dans ma chambre. Que mon "réveil" se ferait sous surveillance, là bas. 

naissance bébé premier enfant maman mère famille bouleversement césarienne accouchement allaitementJ'ai trouvé longs tous ces couloirs noirs dans lesquels le brancardier me promenait, je voulais déjà y être, retrouver mes hommes, devenir une famille. C'est alors que je les ai aperçus. Clyde chemise ouverte, BB recouvert d'un bonnet et d'une couverture, contre lui. Bien au chaud, à l'abri. Protégé, pour la vie. Mon coeur a jailli de ma poitrine, j'ai éclaté en sanglots. Cette image de paternité à jamais gravée. Mon Homme devenu Papa, les larmes aux yeux, incapable de dire un mot. Notre famille, sous mes yeux.
Nous sommes rentrés tous les 3 dans la chambre, on m'a transférée sur mon lit...et alors on m'a déposé notre BB. Mon fils. 
Plutôtréveillé, pas du tout perturbé, il a rampé tout seul jusqu'au sein, l'a attrapé. Cette première succion , je m'en souviendrai toute ma vie. Mon téton qui d'un seul coup s'est retrouvé aspiré, qui a grossi drôlement d'un coup sur sa langue, ....C'était donc ça, allaiter. Une sensation nouvelle, un étonnement, mais un BB qui gérait ça comme un chef. Parfait petit mammifère instinctivement entrainé.
Puis elles l'ont habillé, ...puis Clyde est rentrée, plus tard, à la maison, se remettre de ses émotions, téléphoner à sa maman, la mienne......Un beau BB en parfaite santé de presque 4 kgs, tout chevelu, et aux yeux miroir de ceux de sa maman. Un visage d'ange. Nous n'avons pris aucune photo de cette arrivée, cette soirée, ces premiers instants. Trop émus, trop chamboulés, complètement...enivrés.

Notre (long) séjour ensuite n'aura été que contemplation, repos, émerveillement et impatience de se retrouver à la maison, tous les 3, SEULS.

Tous les 3, pour notre nouvelle vie. 


Je n'avais jamais raconté ce premier accouchement, ce jour fabuleux et magique où tout a changé. Parce qu'on ne me l'avait pas demandé. Parce que la césarienne m'a a postériori traumatisée. 

Parce que les mots ne peuvent pas décrire l'avalanche, le BOULEVERSEMENT qui se crée à l'instant où tu deviens Maman. C'est ce que je retiens le plus de cette journée et que je ne peux exprimer.

 Si le coeur vous en dit, si vous aussi vous avez envie, racontez moi votre accouchement, racontez moi, ce que vous avez ressenti, lorsque vous êtes passée de 2 à 3. Ce jour là.

ma vie de Maman sur Facebook, c'est

3 commentaires:

  1. Un mardi matin, il y a à peu près (bientôt) 5 ans, un écoulement bizarre m'a éjecté du lit.
    Je me suis douté de ce que c'était, même s'il était trop tôt (un mois moins un jour pour être précise).
    Ai réveillé le conjoint, appelé la maternité, pris ma douche et juste avant de partir je me suis prise en photo dans notre appart.. Geste sans aucun sens à priori mais je sentais que la prochaine fois que je remettrai les pieds dans cet appartement, tout aurait changé. Et je crois que j'ai voulu avoir le dernier cliché comme si mon visage allait être modifié après l'étape que j'allais franchir.

    Au retour à la maison, le visage était identique mais TOUT était différent

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  2. J'ai les yeux pleins de larmes pour plein de raisons...
    - Te lire, c'est toujours un bonheur
    - Ce que j'ai vécu c'est rien à côté, tu as dû être dévastée
    - Ce que tu as vécu, c'est bien pire que moi, et pourtant tu as fini par en retenir le meilleur, par le transcender... donc ça finit par s'estomper...
    Je vais te raconter le meilleur, ces mots que je voudrais dire à mon fils plus tard pour que jamais il ne puisse croire qu'il m'a fait souffrir ce jour là, parce que si quelqu'un m'a fait souffrir, c'est vraiment pas lui, et que si (pour l'instant) ça reste le pire jour de ma vie, c'est quand même l'une des plus belles joies avec le jour de notre mariage.
    Je n'en pouvais plus, je n'y croyais plus (je pensais qu'on allait me dire bon, on va au bloc), j'ai poussé sans aucune conviction, et contre toute attente, je l'ai senti sortir tout d'un coup, tout entier, comme une savonnette qui t'échapes... quelle chance que la gynécologue soit là pour le rattraper ! :p Et on l'a vu, on a eu la même pensée avec son papa, à voix haute (c'est comme ça que je m'en souviens) : "il est grand, il est fin, il est beau !" ... (on nous avais annoncé un petit gros) Un beau garçon, un parfait petit garçon, un beau bébé de l'amour, au delà de ce qu'on espérait... Le plus beau des bébés de la planète, rien qu'à nous... et on l'a posé sur moi. Je ne me souviens pas de l'avoir entendu pleurer, je m'inquiétais déjà plus pour lui que pour moi. C'est ça le moment où je suis devenue maman. Le moment où sa vie est devenue un million de fois plus importante que la mienne. Le moment où il a poussé les murs de mon cœur pour y prendre sa place définitive.
    Encore merci à toi de partager tous ces moments avec nous !

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  3. J'ai adorer ton recit se fut magnifique a lire les larmes on couler sur ma joue.

    Mon grand le jour de ta naissance fut l'un des plus beau de ma vie il y a 4ans et demi cette nuit du 20 juillet a 05h19 ou tes grand yeux noir on transpercer mon coeur pour y mettre toute la joie et l'amour que j'ai ressenti toi qui est arriver comme un boulet de canon toi qui ma rendu maman.

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